Retour de session / Pêche de la truite, trouver le poisson en misant sur l'expérience

© Yoann Herveleu

Pour réussir ses sessions de pêche à la truite, il faut savoir préparer sa sortie, s'adapter aux conditions et faire jouer son expérience. Une journée de pêche réussie avec énormément de plaisir à la clef.

À la découverte d'une nouvelle rivière, direction la frontière normande. Seule la pêche de la truite réveille de tels instincts primaires de chasseur. Ces moments où tous vos sens sont en éveil, ce travail de compréhension afin de trouver le poisson. C'est cet instinct qui m'a guidé jusqu'aux frontières normandes pour ce lendemain d'ouverture.

S'adapter aux conditions

Au lendemain de l'ouverture, je décide d'aller pêcher un secteur qui n'a pas essuyé les mêmes intempéries que la veille. J'ouvre alors mon application météo pour regarder ou est-ce que les précipitations ont été les moins violentes.

L'extrême Nord-est du département semble avoir été épargné du gros de la dépression. Je parcours ainsi Google Maps à la recherche de spots avec de bons potentiels et repère assez rapidement trois affluents du Couesnon. Je marque quelques repères sur la carte et c'est parti. J'approche du premier repère enregistré, une rivière somptueuse d'une largeur d'environ 2,50 m se présente à moi.

Une belle rivière à truite
Une belle rivière à truite

Des eaux claires et courantes rythmées par de gros blocs de granite et de longues lignes de diatomées (algues) m'accompagneront pour cette matinée « découverte ». Le secteur à l'air d'avoir subi une certaine pression de pêche, l'herbe semble avoir été piétinée et de nombreuses traces de pas sont visibles sur le sol. Je décide alors de descendre le cours d'eau jusqu'à ce que disparaissent toutes traces d'éventuels pêcheurs. Me voilà désormais à un peu plus de deux kilomètres de mon point de départ, la partie peut commencer.

Faire les bons choix

J'ai ici fait le choix de descendre la rivière en veillant à ne pas la coller pour pouvoir la pêcher Upsream et ainsi être plus discret. Je comprends assez rapidement que je vais devoir être discret, l'eau est ici très claire et je n'ai que très peu de végétation pour me cacher. J'entame ma prospection par un courant soutenu dans une zone shallow (- 30 cm) avec beaucoup d'algues.

J'opte pour un leurre slow sinking qui tient la vague, le BMAX50 de BlackMagic. Je lance mon leurre à environ 4 m - ¾ amont et ramène assez rapidement, un éclair jaune surgis au dernier moment de nulle part et se retrouve juste devant moi alors que mon leurre vient de quitter l'eau. Je reste statique jusqu'à le poisson retourne se placer. Je recule sur 2 mètres, m'agenouille et relance, à peine le temps de terminer mon 3e tour de manivelle et l'éclair jaune s'empare de mon PN.

 Il est toujours bon de faire un plein d'informations avant de s'attaquer à  une rivière que l'on ne connaît pas.
Il est toujours bon de faire un plein d'informations avant de s'attaquer à une rivière que l'on ne connaît pas.

C'est une magnifique petite sauvage qui me gratifie d'un combat des plus visuels au beau milieu de cette superbe rivière. Les hameçons simples sans ardillons montés me permettent de la décrocher rapidement, j'immortalise la robe de ce magnifique poisson puis la relâche rapidement dans son élément.

La discrétion avant tout

Changement de décor, je reprends ma progression et arrive désormais sur un tout autre spot, je suis désormais face à un léger élargissement avec un ralenti. La zone n'est pas beaucoup plus profonde que la précédente, environ 40 cm. Mais le manque de courant donne ici largement l'avantage au poisson qui risque de me voir arriver. Et oui dans ces zones avec un tel ralenti, il arrive régulièrement que les truites se tiennent dans le sens inverse de la rivière, car l'amorti créé un contre-courant, il est donc primordial d'être prudent.

Ce changement de spot m'oblige bien évidemment à changer mon approche. Ici, le ralentissement du courant a créé un ensablement et ce même ralentissement risque de rendre les poissons plus « regardant ». Je sais que cette rivière est riche en goujons et ce genre de biotope correspond parfaitement à son habitat. Je cherche alors dans ma boîte quelque chose qui m'y ferait penser.

Le choix du leurre est déterminant.
Le choix du leurre est déterminant.

Je sors alors un Glenroy 45 de chez Caperlan avec un coloris vraiment similaire à celui d'un goujon. Je lance mon leurre à la sortie de l'amorti pour réduire son impact puis récupère ma bannière tranquillement. Mon leurre arrive sur la crête du banc de sable, sa bavette la heurte et soulève un peu de sédiment. Il n'en fallait pas plus pour décider une magnifique truite à la robe argentée d'une trentaine de centimètres qui s'empare de mon leurre et se lance dans un rush puissant vers l'aval. J'abrège le combat en épuisetant mon poisson, je le décroche et profite qu'il soit dans l'épuisette pour admirer sa robe argentée.

Quelques photos pour garder une trace de ce poisson puis raccompagne l'animal vers sa rivière en le dirigeant hors de l'épuisette. Je profite une dernière fois de son élégance en le regardant s'éloigner dans ces eaux transparentes…

Le jeu de l'expérience

Juste avant de revenir à la voiture, je me dis qu'il serait dommage de repartir sans pêcher la zone piétinée. Cette partie ressemble vraiment à celle où j'ai pris mon 1er poisson en aval.

Une zone à prospecter
Une zone à prospecter

Je remonte alors un BMAX50, m'approche de la rivière discrètement et m'apprête à lancer. Je baisse les yeux pour décrocher mon fil que je viens de faire passer dans la poignée de mon moulinet (erreur de débutant, je sais), c'est alors qu'elle apparaît, une magnifique truite fario d'une quarantaine de centimètres se tient à mes pieds.

Je ralentis mes mouvements pour ne pas l'effrayer, je ne sais pas encore si celle-ci m'a vue. Je fais descendre tout doucement mon leurre derrière elle, le laisse tomber sur le fond et le fais à peine vibrer, elle se retourne, l'aspire et le recrache aussi tôt puis repartira se cacher quelques mètres en aval. La nature aura été plus forte que moi ce coup-ci…

La pêche ne se contente pas à une prise, mais fait état d'un tout. Des odeurs, des bruits, des sensations. Seuls les pêcheurs connaissent la sensation de relâcher un poisson et de le regarder s'en aller en ayant l'impression qu'il nous remercie de l'avoir gracié.

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