Thon rouge au leurre, aborder les chasses et gérer les combats

Avant de réussir à amener le poisson le long du bateau, il faudra gérer le combat et le lignage. © Benjamin Le Provost

Avoir le bon matériel est une chose, mais réussir à vaincre ce poisson hors normes en est une autre. Avant d'en arriver là, il faut déjà réussir à aborder correctement une chasse, éviter de se faire surprendre lors du rush initial surtout si la chasse est dense ,et enfin, mener le combat jusqu'à son terme avec succès. Voici quelques astuces pour vous aider à optimiser chaque étape de cette pêche exigeante.

Comment aborder les chasses ?

Au risque de vous décevoir, il n'existe pas de méthode universelle pour aborder les chasses de thons rouges. Plusieurs paramètres doivent être pris en considération :
le sens de déplacement de la chasse, son intensité, mais aussi le vent, l'état de la mer qui influence à la fois l'approche, le lancer et l'animation du leurre, sans oublier la présence ou non d'autres bateaux sur la zone.

Comme évoqué dans un précédent article, le fait de suivre les oiseaux nous mène souvent vers les zones où se trouvent les chasses.
Comme évoqué dans un précédent article, le fait de suivre les oiseaux nous mène souvent vers les zones où se trouvent les chasses.

De manière générale, j'essaie toujours de me positionner en amont de la chasse lorsqu'elle se déplace, avec le vent dans le dos pour favoriser les lancers.

Dans le cas d'un "jacuzzi" très dense, et si je suis seul à l'aborder, je n'hésite pas à me positionner au centre de la chasse. Contrairement à certaines idées reçues, cela ne la fait pas forcément fuir.

Selon l'intensité de la chasse, je décide de me placer en amont de celle-ci ou directement au cœur.
Selon l'intensité de la chasse, je décide de me placer en amont de celle-ci ou directement au cœur.

J'opte pour cette technique après avoir observé que, lors du ferrage, le thon a souvent tendance à effectuer son rush initial dans la direction opposée au ferrage. Cela me permet donc de l'extraire rapidement de la chasse, réduisant ainsi le risque de casse provoquée par un autre congénère heurtant la tresse.

La gestion du combat

La première sortie de l'année est toujours particulière. Il faut un peu de temps pour reprendre ses habitudes et ses réflexes, mais ils ne sont jamais très loin.

La gestion du combat est la clé de la réussite. Attaquer un thon n'est pas la chose la plus compliquée, réussir à l'amener au bateau en est une autre.

Pour le combat, il existe plusieurs écoles : combattre à l'avant ou à l'arrière, en marche avant, en marche arrière, ou encore à l'arrêt.

Chaque pêcheur a sa préférence pour combattre.
Chaque pêcheur a sa préférence pour combattre.

Une chose est certaine : le rôle du skipper est primordial. Celui-ci devra constamment manœuvrer afin de mettre le pêcheur dans la meilleure position possible. Il doit anticiper les mouvements du poisson pour orienter le bateau convenablement, et éviter que le pêcheur se retrouve d'un côté du bateau et le poisson de l'autre.

Personnellement, j'opte pour les combats sur la partie arrière ou avant, mais toujours en embrayant. Si le pêcheur est à l'avant, j'embraye en marche arrière, et inversement s'il combat à l'arrière. Dans tous les cas, la fin du combat se déroule à l'arrière du bateau, où il y a le plus d'espace.

Pendant les combats, une seconde personne se tient à proximité du pêcheur en soutien, prête à intervenir pour aider à maintenir la canne si nécessaire.

Le lignage du poisson

Le combat se termine par l'étape du lignage, c'est-à-dire le fait de saisir le shock leader à la main et de saisir le poisson par la gueule à l'aide d'un fish grip. Cette étape est l'une des plus critiques, de nombreuses casses surviennent à ce moment-là.

Muni de gants épais, un équipier saisit le bas de ligne et vient hisser le poisson jusqu'à la surface. L'erreur, source de casse, est de tenter de bloquer le poisson si celui-ci décide de faire un nouveau rush.

Le lignage du poisson est l'un des moments les plus critiques
Le lignage du poisson est l'un des moments les plus critiques.

Dans la pratique, je tente de faire percer la surface au poisson au moins une fois avant de le ligner. Cette bouffée d'air a pour effet de le calmer quelque peu. Dès que le bas de ligne est saisi, je desserre le frein du moulinet et je laisse un équipier ligner le poisson. Une troisième personne se munit d'une pince afin de le saisir.

Cette action se déroule moteur embrayé vers l'avant, ce qui facilite grandement la manœuvre.

Une fois le poisson saisi, vous aurez tout le temps nécessaire pour le décrocher, et l'oxygéner avant de le relâcher. Et bien sûr, pour immortaliser ce moment avec quelques photos.

Une fois saisi avec le fish grip, le poisson est décroché puis oxygéné avant d'être relâché.
Une fois saisi avec le fish grip, le poisson est décroché puis oxygéné avant d'être relâché.

Rappelez-vous simplement que si vous décidez de sortir un poisson à bord, celui-ci sera probablement condamné et sa remise à l'eau vivante sera impossible. C'est pourquoi je ne sors jamais les thons de l'eau, sauf si je décide de les conserver et de les baguer.

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