Pêche du brochet en hiver, faites une pause dans la récupération

Brochet d'hiver pris au jig

Lorsque la pêche se durcit, que les récupérations lentes ne rapportent rien ou pas grand-chose, c'est à ce moment que je vais ralentir encore davantage la cadence jusqu'à pêcher à l'arrêt. Et là, rares sont les leurres qui remplissent le cahier des charges.

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Lorsque les récupérations lentes ne sont pas productives, j'ai bien souvent recours aux pêches "à l'arrêt". Par pêches "à l'arrêt" je fais référence à une longue, voire très longue phase de pause durant la récupération du leurre qui pourrait s'apparenter au "Do Nothing" ou au "Dead Sticking" (expressions issues de la pêche du black-bass), facteur qui pourra permettre de déclencher des touches.

Il existe assez peu de gros leurres suspending. Ils sont bien souvent slow sinking ou slow floating et par conséquent, rares sont ceux qui restent parfaitement immobiles lors des pauses. C'est alors que je vais faire appel à deux catégories de leurres principalement : les jerkbaits minnows et les rubber Jig.

Les jerkbait minnows et longbill minnows suspending

Echantillon des jerkbait et longbill minnows que j'utilise l'hiver.
Echantillon des jerkbait et longbill minnows que j'utilise l'hiver.

Ce caractère suspending fait référence à leur propriété d'avoir une densité égale à celle de l'eau leur conférant la possibilité de rester parfaitement immobiles dans la colonne d'eau pendant les phases de pauses au cours de la récupération.

En hiver, j'ai souvent recours à une sous-catégorie de jerkbaits minnow lorsque je pêche dans plus de 3 mètres d'eau : les longbill minnows suspending. Les longbills sont des jerkbait minnows à grande bavette permettant de pêcher plus creux et en hiver ils sont indétrônables ! Dommage que les longbill typés brochet soient si peu représentés sur le marché français…

Motif d'animation

La clé de voute de l'animation, vous l'avez compris, sera la pause. L'animation la plus productive pour le brochet en hiver correspond à une alternance de phases agressives et calmes (de la même manière que le Loud-Quiet-Loud du Grunge !) et répond au motif suivant : une succession de jerks plus ou moins marqués pour l'agression - intensité à définir en fonction du répondant des poissons, mais j'ai souvent eu plus de résultats à la suite de jerks assez violents - entrecoupés de pauses que l'on n'hésitera pas à faire durer plus de 10 secondes (c'est long mais ça fonctionne !). Et c'est bien entendu la majorité du temps sur cette phase de pause que la magie opérera. Aussi, on veillera à faire varier le nombre de jerks entre chaque pause pour éviter toute monotonie.

Brochet sauve-bredouille pris au longbill minnow sur une pause de plus de 10 secondes ! (Illex DD Arnaud 100 SP)
Brochet sauve-bredouille pris au longbill minnow sur une pause de plus de 10 secondes !

Le rubber jig 

L'autre solution que j'aime mettre en application en hiver est la pêche au rubber Jig. Lorsque le biotope le permet je peux l'employer pour les pêches de réaction au cœur des obstacles (berges creuses et encombrées notamment) mais bien souvent c'est le fait de pouvoir pêcher très lentement sur le fond avec qui va m'intéresser. Une longue pause sur le fond d'un rubber jig dont la jupe se déploie progressivement m'a démontré de nombreuse fois son efficacité.

Mes deux Rubber Jigs favoris : Gunki Hoverjig (en-dessous) et Black Flagg RK Jigg (au-dessus).
Mes deux Rubber Jigs favoris : Gunki Hoverjig (en-dessous) et Black Flagg RK Jigg (au-dessus).

Le rubber jig pour les spots marqués

A la différence du jerkbait minnow qui, parce qu'il saura se faire remarquer de loin par les poissons sur les phases agressives de jerks, pourra être employé comme leurre de prospection en pleine eau, la discrétion du rubber jig associée à la lenteur de l'animation impliquera de sélectionner un poste marqué.

Animation en 2 phases

Comme je le disais plus haut il y a deux grandes phases de pêche au rubber jig : 1) la phase « réaction » caractérisée par la descente du leurre au cœur des obstacles durant laquelle un poisson pourra mordre par réflexe. Sur cette phase, plus lourd sera le jig, plus il coulera vite et plus on renforcera cette recherche de « réaction ». 2) la phase de récupération après prise de contact avec le fond. C'est cette phase que je vais considérablement ralentir en hiver.

Motif d'animation

Après avoir expédié son rubber jig à l'endroit souhaité, on veillera à garder sa bannière semi-tendue lors de la descente du leurre jusqu'au fond car même en hiver, les brochets n'hésitent pas à croquer par réaction un montage passant juste devant leur nez. Les touches sont particulièrement violentes sur cette phase et le montage bien souvent coffré.

Touche de réaction à la descente et Rubber Jig coffré !
Touche de réaction à la descente pour ce brochet d'hiver et rubber jig coffré !

Concernant l'autre phase d'animation, elle débute dès lors que le montage est entré en contact avec le fond. Le principe sera, comme on le ferait pour le sandre, de décoller le montage du fond en imprimant un mouvement de la canne de faible amplitude vers le haut puis en abaissant de nouveau la canne tout en récupérant l'excédent de bannière, pour ensuite le laisser reprendre contact avec le fond de nouveau.

Si l'on pratique un tombant, les mouvements de canne ne seront pas forcément nécessaires, une récupération simple au moulinet permettra de décoller le leurre du fond pour ensuite le laisser descendre quelques dizaines de centimètres plus bas. Le principe étant de ne jamais trop s'éloigner du fond car c'est précisément sur le fond que les poissons inactifs se trouvent.

Un poisson qui a ramassé le Jig inerte sur le fond et dont la touche fut particulièrement discrète comme en témoigne le piqué en bord de gueule.
Un poisson qui a ramassé le jig inerte sur le fond et dont la touche fut particulièrement discrète comme en témoigne le piqué en bord de gueule.

Toutes ces explications ne collent pas vraiment avec le titre de cet article mais c'est parce que je n'ai pas encore abordé le point crucial de cette deuxième phase, qui, comme pour l'animation d'un jerkbait minnow, sera la pause.

Effectivement, à chaque reprise de contact avec le fond il faudra laisser le temps à la jupe du rubber jig de se déployer totalement et même de laisser le leurre inerte sur le fond pendant de longues secondes (10 secondes n'est pas aberrant). Contrairement à la violence des touches à la descente, sur cette phase les touches sont souvent discrètes et se manifestent par un léger - poc - dans la ligne.

Pour vous convaincre de tenter cette pêche très lente, je vous dirai que mon ratio touches violentes/touches discrètes est de 70 % en faveur de ces dernières.

Conseil

Enfin, mon conseil pour ne pas vous décourager, est de mettre en application cette technique sur un secteur que vous connaissez ou du moins, un secteur que votre instinct de pêcheur vous indique comme particulièrement prometteur. Le rubber jig est un leurre conçu pour décortiquer des spots en enchaînant les lancers courts en pitching et skipping. En hiver, plus qu'en toute autre saison, il faudra mutiplier les lancers jusqu'à ce que votre montage passe réellement sous le nez d'un poisson !

En résumé

Ces deux techniques qui s'apparentent au « Do nothing » sur une phase cruciale de la récupération des leurres, sont particulièrement productives lorsque les conditions l'exigent mais sont elles-mêmes particulièrement exigeantes avec les nerfs. Réussir à pêcher très, très lentement, à tenir des pauses de plus de 10 secondes n'est pas forcément à la portée de tous… mais le jeu en vaut la chandelle !

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