Pêche de la carpe en gravière sauvage : quand le mystère opère !

© Grégory Martin

Les gravières sont certainement les eaux les plus déroutantes pour pêcher la carpe. Elles peuvent s'avérer très capricieuses quelle que soit la superficie. Trouver les clefs n'est pas toujours aisé. Mais quand de telles eaux demeurent sauvages et que tout reste à découvrir alors le mystère est amplifié.

J'ai eu la chance de découvrir une gravière qui a déclenché en moi une attirance accrue. Lors d'une première venue, je suis tombé sous son charme malgré peu d'informations sur ses habitantes. Pour aborder un nouveau terrain de jeu, je ne m'arrête pas à la connaissance du cheptel. Ce dernier fait partie du mystère de la pêche et je trouve cela plutôt excitant.

Avant tout, je dois me sentir bien où je pêche. Je connais plusieurs endroits où nagent de très gros poissons et pourtant je n'y mettrais jamais les pieds car pour moi la pêche ne s'arrête pas à cela. Loin s'en faut ! Pour prendre du plaisir, je dois avant tout être en symbiose avec le lieu. Eh bien, cette gravière allait devenir un challenge de cœur, un défi éloigné ! Mais quand on aime on ne compte pas !

La magie de l'inconnu.
La magie de l'inconnu.

Cette gravière d'une dizaine hectares présente un fond extrêmement irrégulier.

La profondeur varie beaucoup en quelques mètres.
La profondeur varie beaucoup en quelques mètres.

En quelques mètres, il est possible de passer de 50 cm de profondeur à plus de 7 m. L'eau y est très claire. A vue de nez mais surtout d'échosondeur, il est possible de trouver des dizaines et des dizaines de hot spots. A cela s'ajoute une abondance d'herbiers et de nourriture naturelle en tous genres comme des écrevisses, des anodontes, des escargots, des corbicules …

La nourriture naturelle ne manque pas.
La nourriture naturelle ne manque pas.

La présence d'obstacles, constitués principalement de troncs et de branches, vient rajouter de la complexité à ce lieu très chaotique. Le substrat est dans l'ensemble très dur avec des zones caillouteuses plus ou moins larges. Au niveau des indésirables, carassins, chats et écrevisses sont bien présents. Côté carpe on est pleinement dans le mystère ... Par contre, par l'observation, je suis sûr qu'il y a quelques sujets, trompés par de multiples sauts. En revanche ces poissons semblent de petits gabarits. Je n'ai aucune idée de la pression de pêche exercée sur cette eau qui semble plutôt sauvage et délaissée. Tant mieux …

Conditions climatiques du moment

Période anticyclonique et alternance de températures de saison et de très grosses chaleurs. Lors de ma session, il fera chaud avec un vent de Sud-Est stable mais peu soutenu. La température maximale culminera à 25 °C avec un bon rafraichissement nocturne laissant place à une brume matinale.

Approche et technique

Mon choix de poste s'est tourné sur une berge exposée Sud où j'avais une bonne vue globale de la gravière. Outre mes déplacements réguliers en bateau pour sonder, amorcer et placer mes lignes, il me paraissait important d'observer au maximum les éventuelles manifestations des poissons. C'est très souvent la clef de la réussite d'autant plus sur une eau inconnue. Ceci semble banal mais pourtant… Même si sur ce lieu cela ne suffira pas puisque les endroits où peuvent s'alimenter les poissons sont vraiment nombreux. Avec des dizaines de cannes, on ne ferait pas encore le tour. Le genre d'endroit déroutant. Avant de comprendre il faut souvent y passer beaucoup de temps.

Je ne connais pas assez les lieux pour me permettre de tenter des stratégies hasardeuses. N'ayant aucune idée précise du cheptel présent, je laisserai tomber les amorçages massifs ou de zone. Pour la première raison évoquée mais aussi à cause de l'irrégularité marquée du fond.

Allure de montagnes russes.
Allure de montagnes russes.

Amorcer une grande zone sur ce lieu reviendrait à déverser des appâts dans n'importe quelle profondeur, les variations étant importantes en quelques mètres.

J'allais donc opter pour une pêche au spot avec un amorçage en assiette. Sur cette gravière aux allures de montagnes russes, il fallait faire preuve de précision. Au niveau des appâts, les Feedz étaient de la partie. Cette gamme d'appâts est élaborée à partir de graines. Vous ne m'entendrez jamais parler d'appâts miracles. Il existe en revanche de très bons appâts et surtout des gammes élaborées comme les Feedz, les Performance Concept ou encore les Probiotic pour répondre à différentes conditions de pêche et donc mettre en place différentes stratégies d'amorçage. Ces gammes peuvent bien entendu être complémentaires.

Alors pourquoi le choix des Feedz ?

Les FEEDZ sont des appâts constitués à partir de graines.
Les FEEDZ sont des appâts constitués à partir de graines.

Nous sommes à une période où la nourriture naturelle abonde. Et sur ce type de lieu, les carpes n'attendent vraiment pas nos appâts pour manger. Hors de question, en seulement quelques jours, de concurrencer le garde-manger naturel riche en protéines. Par conséquent, je voulais déjouer la méfiance des poissons en utilisant des appâts riches en hydrates de carbone. Par ce choix, j'avais donc un appât tranchant fortement avec les aliments habituels. Elles ont aussi le bénéfice en ces périodes chaudes de ne pas gaver le poisson. En gros tous les avantages des graines sans leurs inconvénients.

L'indispensable bateau

Ici quasi impossible de faire sans bateau. Non seulement pour placer les lignes et amorcer précisément mais aussi pour effectuer sereinement les combats. En effet, entre les herbes, les obstacles et les « montagnes russes », peu de poissons verraient la berge. Un bateau et un échosondeur sont donc indispensables pour aborder la pêche sérieusement. Mon Hélix 7 G3 allait donc être un allié incontournable.

Humminbird Hélix 7 G3.
Humminbird Hélix 7 G3.

Pour finir sur mon approche, j'utiliserai un bas de ligne réalisé en Shadow de 50. Discrétion, solidité et rigidité sont indispensables pour aborder la pêche dans les meilleures conditions (indésirables, eau claire, obstacles…). Mes esches seront systématiquement protégées par du Boilie Guard.

Le Boilie Guard, arme incontournable pour contrer les indésirables.
Le Boilie Guard, arme incontournable pour contrer les indésirables.

Lors de mon arrivée sur la gravière le vendredi soir, je constate que je suis seul sur les lieux. Malgré l'heure tardive, je passe l'échosondeur pendant un bon moment. Les hot spots qui se dessinent sous mes yeux sont nombreux. Il va pourtant falloir faire des choix. Et ce ne sera pas le plus simple car la configuration pousse forcément les poissons à passer et à s'alimenter à des endroits précis. J'avais décidé de déplacer les lignes infructueuses après chaque 24h afin d'essayer un maximum de spots. Chaque canne sera accompagnée de Feedz Tiger et de pellets de la même gamme.

Jour 1

En début de nuit, mes 4 cannes sont tendues dans des zones et des profondeurs différentes. Ma stratégie d'amorçage est la même pour chaque canne ainsi que le montage utilisé. La nuit fut très calme.

Jour 2

Au petit matin, je saute dans mon Partner 270 pour aller combattre au-dessus du poisson. Premier combat et première défaite. Le poisson gagne un arbre immergé sans que je ne puisse rien faire. Aucune idée de la taille du poisson. La canne est replacée au même endroit. Elle produit un autre départ vers 9h. Cette fois-ci, j'ai gain de cause. C'est une longue commune.

Ce poisson remonte le moral après une première casse.
Ce poisson remonte le moral après une première casse.

Mes autres cannes pêcheront leur spot jusqu'au soir. Rien n'y fait. Elles demeurent improductives. Changement de spots.

Jour 3

Une canne s'emballe à 4h du matin. Le combat à bord du zod est long et puissant. Au bout de quelques minutes, je glisse un poisson qui semble joli. Berge regagnée je la mets au sac pour effectuer les photos un peu plus tard. A noter que c'est toujours la même canne, située dans 3 m d'eau qui est productive. 6h du matin : ma canne vedette s'agite. Mon D Tec Indicateur fait le yoyo. Je saisis la canne et effectue le combat du bord. Ce que je pensais être, l'est bien : c'est un carassin. Vers 9h, j'effectue une photo du poisson en sac. Quelle écaillure !

Je sens que ce lieu réserve de belles surprises.
Je sens que ce lieu réserve de belles surprises.

J'avais à peine remis cette beauté à l'eau que ça s'excitait de nouveau. Ça sentait le carassin à plein nez. Je prends le temps de petit-déjeuner, bercé par quelques bips très espacés. Un abaissement plus important de mon D Tec indicateur me fait prendre la canne en main. Je mouline quasiment dans le vide. À ce moment, je me dis que ce carassin a quand même fait du chemin tout en laissant mon fil dans des pieds d'herbiers disposés bien plus loin… Je finis tout de même par reprendre contact directement avec le poisson qui au final ne semble pas être un carassin ! Le poisson sans que je m'en rende compte avait tout simplement regagné le bord. C'est à cet instant que le combat eu vraiment lieu. Un combat intense du bord où le poisson livra toute son énergie. Après plusieurs minutes, j'épuise enfin le poisson. Il est plutôt joli. En fait, je me rendrais compte réellement de son poids qu'au moment de le soulever : quasi impossible ! A ce moment-là, je comprends que c'est un gros cochon. Je suis comme un dingue. Verdict du peson : 28.2 kilos !! Vous imaginez ma joie !

Le mystère a du bon !
Le mystère a du bon !
Costaude !
Costaude !

A noter ce coup de chance incroyable. Je peux recommencer 10 fois ce combat du bord sans jamais voir le poisson. Mais bon la chance fait partie du jeu.

Jour 4

Après une nuit calme, j'enregistrerai un nouveau départ vers 9h. Eh bien une miroir encore très jolie vient clôturer cette magnifique session pour laquelle je ne m'attendais absolument pas à un tel dénouement. Elle frôle les 20 kilos.

Une surprise de plus.
Une surprise de plus.

Conclusion

En pleine récidive quelques semaines plus tard.
En pleine récidive quelques semaines plus tard.

Une session où le mystère domine !

Mes résultats confirment mon approche. Seule une canne sera productive. Les 3 autres, malgré l'alternance des spots, resteront muettes !!

Avec les réseaux sociaux et autres moyens de communication nous n'avons quasiment plus de surprises sur le potentiel d'un lieu, qu'il soit public ou privé. Alors prendre de jolis poissons dans une eau dont nous ne connaissons rien ou presque, nous ramène à l'essence même de la pêche : le mystère ! C'est le maître mot qui engendre toute l'excitation de notre passion. Nous voulons souvent tout maîtriser, tout savoir, tout comprendre… alors profitons du mystère quand il se présente !

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