La moitié des espèces marines a disparu, alors réagissez !

Un rapport du WWF a permis de constater que la moitié des espèces marines avaient disparu. Les récifs et prairies marines sont également en danger tout comme les populations qui vivent de ses ressources. Alors, comment réagir ?

Les espèces marines réduites de moitié

Le Rapport Planète Vivante Océans du WWF vient de mettre en lumière le déclin des populations de poissons à l'échelle mondiale. Même si certaines risquent de s'effondrer, il n'est pas encore trop tard pour agir contre les menaces qui pèsent sur les océans. En effet, en 40 ans, la moitié des espèces marines (mammifères, oiseaux, reptiles et poissons) a disparu. Certaines ont même vu leur effectif réduire de près de 75 % comme les thons, maquereaux et bonites.

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"Face à nos constats et à la mesure de l'urgence d'un changement de trajectoire, nous avons avancé la date de publication de notre rapport dressant le portait le plus fidèle possible de la santé de nos océans", explique Marco Lambertini, Directeur général du WWF International. "En l'espace d'une seule génération, les activités humaines ont gravement dégradé les océans en capturant les poissons à un rythme supérieur à celui de leur reproduction et en en détruisant les nourriceries. De profonds changements sont indispensables si l'on veut rétablir l'abondance de la vie océanique pour les générations futures", ajoute Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.

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"Ce à quoi nous assistons est une course au poisson qui pourrait bien se terminer par l'épuisement d'une source alimentaire vitale pour les individus et par la disparition d'un moteur économique majeur. L'effondrement des écosystèmes océaniques est en mesure de déclencher une grave crise économique et de compromettre les résultats de la lutte que nous menons pour éradiquer la pauvreté et la malnutrition", prévient Marco Lambertini.

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Entre 1970 et 2012, le rapport révèle un déclin de 49 % des populations marines. Cette analyse a été réalisée sur une base d'observation de 5 829 populations appartenant à 1 234 espèces. Elle s'appuie sur une série de données près de deux fois plus riche que celle des analyses passées, mais dresse un constat plus clair, mais aussi plus inquiétant.

Les récifs coralliens et prairies sous-marines en déclin

Il n'y a pas que les poissons qui sont touchés par ce déclin. En effet, les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers marins accueillent de nombreuses espèces de poissons et servent les populations. Or, ces derniers sont également en danger. Les récifs coralliens et prairies sous-marines pourraient ainsi disparaître du globe d'ici 2050 sous l'effet du changement climatique.

Cela représenterait une extinction catastrophique, aux conséquences dramatiques sur les communautés. En effet, plus de 25 % de toutes les espèces marines vivent dans ces "forets" des mers et près de 850 millions de personnes bénéficient directement de leurs services économiques, sociaux et culturels.

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La surpêche, mais pas que…

La surexploitation est sans conteste la première menace pour la biodiversité océanique, mais elle n'est pas la seule. L'étude montre également que le changement climatique est également à l'origine de mutations océaniques plus rapides qu'à n'importe quelle autre époque, depuis des millions d'années.

L'élévation des températures et l'acidité des océans dus au dioxyde de carbone aggravent les impacts négatifs de la surpêche, mais aussi d'autres menaces, comme la dégradation des habitats et des populations.

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"Bonne nouvelle tout de même : des solutions existent et nous les connaissons. L'océan est une ressource renouvelable capable de répondre aux besoins de toutes les générations futures si les pressions auxquelles il est exposé sont efficacement atténuées", précise Isabelle Autissier. "Si nous respectons des limites, l'océan contribuera pleinement à la sécurité alimentaire, aux moyens d'existence, aux économies et à nos systèmes naturels."

Comment réagir

Pour préserver les ressources océaniques, plusieurs mesures devraient s'imposer naturellement comme sauvegarder et reconstituer le capital marin, consommer plus raisonnablement et donner la priorité au développement durable.

Les dirigeants du monde entier devraient également faire de la santé des océans et de la préservation des habitats côtiers, une priorité dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable de l'ONU officiellement approuvés à la fin du mois (Agenda 2030 pour le développement durable). L'objectif consiste à lutter contre la pauvreté et à renforcer la sécurité alimentaire. Il faut que l'agenda puisse prendre en compte la destruction de l'habitat, la surpêche, la pêche illégale et la pollution marine.

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Les Aires Marines protégées sont également une des manières de protéger les actifs océaniques. Un rapport du WWF, Aires Marines protégées, un bon investissement pour la santé des océans avaient déjà montré le potentiel des AMP. Cette étude montrait que chaque dollar investi dans la création d'aires marines protégées peut tripler les bénéfices qui en sont retirés, notamment en matière d'emploi, de protection côtière et de pêche. Cette même analyse révélait qu'investir dans la protection accrue des habitats critiques se traduirait par des bénéfices nets compris entre 490 et 920 milliards d'US $ au cours de la période 2015-2050.

La conférence mondiale pour le climat qui se tiendra prochainement à Paris aura un impact décisif sur l'avenir des océans.

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