Pêche du bar de nuit : rencontre avec Laurent Bouvet spécialiste

Rencontre avec Laurent Bouvet : un spécialiste de la traque des gros bars de nuit ! © Laurent Bouvet

La pêche du bar de nuit depuis le bord de côte est une pratique qui prend de plus en plus d'ampleur. Elle n'est pas nouvelle, et de nombreux pêcheurs s'y adonnent, avec plus ou moins de réussite. Parmi les spécialistes de cette technique, une personne a particulièrement retenu mon attention par la régularité de ses résultats et la taille impressionnante de ses prises. Ma curiosité de pêcheur m'a naturellement poussé à vouloir en savoir davantage, et il a accepté de me partager quelques-uns des secrets de cette approche si particulière. Rencontrons ensemble Laurent Bouvet, que de nombreux pêcheurs passionnés connaissent.

Laurent, peux- tu te présenter en quelques mots et nous expliquer ce qui te passionne dans la traque du bar de nuit ?

Âgé de 37 ans, je suis originaire du nord de la Bretagne, près de Saint-Malo, et je vis aujourd'hui sur la presqu'île de Rhuys, dans le Morbihan. Je travaille chez Rodhouse depuis sept ans. Je possède un semi-rigide qui me permet de pratiquer la pêche du bar et du thon sur l'ensemble du littoral breton. J'apprécie tout particulièrement la pêche du bar du bord en fin de saison, une période où la nuit tombe tôt et qui est souvent propice à la capture des gros poissons.

L'approche de l'hiver est la période la plus propice pour Laurent afin de cibler les gros bars de nuit.
L'approche de l'hiver est la période la plus propice pour Laurent afin de cibler les gros bars de nuit.

Sans dévoiler tous tes secrets, comment as-tu réussi à cibler spécifiquement les gros poissons ?

Les zones avec des accélérations de courant en sortie de baie, d'estuaire ou de mer intérieure sont des secteurs particulièrement intéressants à pêcher à marée descendante. Reste ensuite à identifier le bon angle de lancer et le moment précis de la marée, des paramètres qui varient selon chaque spot.

Exemple d'un spot qu'il apprécie particulièrement : une sortie de baie créant une accélération du courant.
Exemple d'un spot qu'il apprécie particulièrement : une sortie de baie créant une accélération du courant.

La vibration des leurres employés joue également un rôle déterminant. Un leurre qui ne déplace pas beaucoup d'eau sera peu ou pas détecté par les poissons, tandis qu'un leurre générant des vibrations trop marquées peut provoquer des touches, mais pas forcément des plus gros poissons.

Une fois que vous avez identifié qu'il y a du poisson sur un endroit, il est donc indispensable de tester différentes signatures vibratoires afin de déterminer ce qui permet de sélectionner les plus beaux poissons. Difficile à expliquer, mais certaines vibrations plaisent particulièrement aux poissons trophées, alors qu'un leurre pourtant proche ne produira pas les mêmes résultats.

Je sais que tu es en perpétuelle recherche d'innovation. Tu as récemment décidé de monter une canne spécialement dédiée à cette technique. Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet ? 

Quand on pêche de nuit au leurre souple, on ne voit pas sa ligne, donc il faut une canne super résonnante et encore plus s'il y a du vent et du courant. J'utilise à chaque sortie une Statement 724 XO (2.30m, 5-25 g), elle est incroyable car elle est très légère et on ressent absolument tout.

Mais sur certains spots, j'ai besoin de lancer plus loin et d'avoir plus de longueur pour mieux maîtriser les combats.

J'ai donc monté récemment un blank North Fork Composites SJ 804-1 HM de 2.43m 7-28 g avec une poignée monocoque XO+ en carbone et des anneaux Fuji Titanium Torzite. Ça me permet d'obtenir une canne puissante, sensible, légère, monobrin de 2m66 pour seulement 150 g. Il n'existe pas de canne monobrin de cette longueur dans le commerce et encore moins aussi légère.

La force du rodbuilding est de pouvoir créer la canne parfaite, adaptée à un type de pêche. Ici, le montage XO a permis à Laurent d'obtenir une longueur de 2,30 m, parfaite pour pêcher du bord, à partir d'un blank initialement de 2,18 m.
La force du rodbuilding est de pouvoir créer la canne parfaite, adaptée à un type de pêche. Ici, le montage XO a permis à Laurent d'obtenir une longueur de 2,30 m, parfaite pour pêcher du bord, à partir d'un blank initialement de 2,18 m.

Si je comprends bien, le rodbuilding t'a permis de concevoir LA canne parfaite pour cette technique

Exactement, j'ai pu concevoir une canne parfaitement adaptée à mon style de pêche, en utilisant les meilleurs matériaux possibles, sans faire le moindre compromis. J'ai choisi la taille des anneaux, la longueur de la poignée, et l'ensemble des composants pour créer la canne ultime ! Pour caricaturer, on pourrait dire que je l'ai fabriquée pour un spot bien précis. Je l'ai d'ailleurs inaugurée sur un joli poisson.

Y a-t-il des conditions nocturnes idéales que tu recherches systématiquement (lune, marée, météo) ?

Les 4 facteurs les plus importants pour la pêche du bar depuis le bord sont l'orientation du vent, la période de l'année, le coefficient de marée, le moment de marée :

  • Orientation du vent : Les vents d'ouest et du sud sont les plus favorables. Ils créent de la houle et apportent souvent des précipitations, ce qui trouble légèrement l'eau. Dans ces conditions, le bar chasse plus près de la côte, profitant de l'eau teintée pour surprendre ses proies.
  • Période de l'année : On pêche le bar depuis le bord d'avril à décembre, mais c'est à partir de septembre que l'on capture les plus gros poissons.
  • Coefficient de marée : C'est un élément clé dans le choix du spot. Certains endroits fonctionnent avec le coefficient maximal, tandis que d'autres nécessitent un coefficient inférieur à 100 pour éviter un excès d'algues chahutées par le courant. En général, je privilégie un coefficient d'au moins 70.
  • Moment de marée : Je préfère pêcher à marée descendante, car la plupart des spots que je connais donnent de meilleurs résultats à ce moment-là.
Lorsque tous les éléments sont réunis et que la technique est maîtrisée, le résultat ne se fait pas attendre : un magnifique bar en guise de récompense.
Lorsque tous les éléments sont réunis et que la technique est maîtrisée, le résultat ne se fait pas attendre : un magnifique bar en guise de récompense.

Parle-nous de ta sélection de leurres qui t'ont permis de réaliser ces superbes prises

Tous les spots ont un point commun : on pêche au leurre souple, et plus précisément avec des shads. On les monte soit sur des hameçons texan type VJ36 pour pécher en linéaire, soit sur des têtes plombées de 10 à 15 g pour pêcher dans le courant. Ça peut surprendre, mais ce sont les leurres noirs qui fonctionnent le mieux de nuit. D'ailleurs si Fiiish pouvait commercialiser un Black Minnow 120 noir pailleté bleu ce serait génial !

La sélection du matériel de Laurent pour la pêche du bar de nuit !
La sélection du matériel de Laurent pour la pêche du bar de nuit !

Avec le recul, quel a été ton plus grand déclic dans ta progression ?

Mon plus grand déclic, c'est d'avoir rencontré un binôme de pêche avec qui je partage toutes mes sorties. Je conseille de pécher à deux pour la sécurité, pour comprendre plus de choses rapidement et parce que c'est beaucoup plus sympa de partager ces moments.  

Pour conclure, quels conseils donnerais-tu à un pêcheur qui souhaite se lancer dans la traque du bar de nuit ?

Commencez par repérer les spots de jour, puis concentrez votre pêche nocturne sur ceux qui ont montré de bons résultats.

Côté matériel, investissez dans une lampe frontale de qualité (supérieure à 600 lumens), une canne à pêche résonnante, et utilisez de préférence un bas de ligne en fluorocarbone de 0,35 mm pour éviter de casser sur le premier poisson de plus de 70 cm.

Pour des raisons de sécurité, il est recommandé de pêcher à deux, de prévenir quelqu'un de votre entourage, voire même de porter un gilet de sauvetage, comme on le ferait lors d'une sortie en bateau.

Plus d'articles sur le thème