Des conclusions alarmantes
Cette note d'analyse tire la sonnette d'alarme sur le fait qu'en l'absence de changements radicaux, 88% du territoire français pourraient connaître des tensions hydriques modérées à sévères dès l'été 2050, avec une accentuation dans les régions du sud-ouest et sud-est, zones particulièrement vulnérables en raison des fortes pratiques d'irrigation et d'évapotranspiration élevée.
L'étude s'appuie sur une modélisation de 40 bassins versants, confrontant la demande future d'eau aux ressources potentielles disponibles. Elle montre qu'en l'état actuel, la demande en eau, notamment pour l'irrigation agricole, ne fera qu'augmenter avec le changement climatique, exacerbant la pénurie. Même dans un scénario de rupture, visant une sobriété maximale, 64% du territoire continuerait d'être en tension, soulignant l'insuffisance des politiques actuelles de gestion.
Les principales conclusions soulignent que la dégradation de la ressource hydrique sera aggravée par la hausse des températures, qui augmente l'évaporation, et par la modification du régime des précipitations. Cette situation risque d'entraîner une réduction drastique des débits des rivières, fragilisant à la fois les écosystèmes et les usages humains, avec des risques de conflits d'usage notamment dans le Sud-Ouest, où la gestion de l'eau devient critique.
Agir aujourd'hui
Pour contrer cette tendance, le rapport insiste sur la nécessité d'une planification proactive dès aujourd'hui, incluant une régulation stricte de l'irrigation, le développement de pratiques agroécologiques, la restauration des milieux naturels pour renforcer la résilience des écosystèmes, et la mise en œuvre d'une sobriété hydrique dans tous les secteurs. Il préconise également de repenser profondément le modèle agricole, en soutenant une agriculture moins dépendante de l'irrigation et plus résiliente face aux sécheresses croissantes, en intégrant des cultures résistantes et en adoptant des pratiques de gestion optimisées.
Trois scénarios
Trois scénarios prospectifs sont étudiés : le maintien des pratiques actuelles, une transition vers une gestion sobre et innovante, et un scénario de rupture basé sur une sobriété radicale, seul pouvant limiter la croissance de la consommation d'eau. La priorité est donnée au scénario de sobriété, seul capable d'éviter un effondrement hydrique massif, en mettant en œuvre une révolution dans la gestion des usages, notamment dans l'agriculture, secteur le plus vulnérable et émetteur de tensions.
Enfin, la note recommande la tenue régulière d'un débat national impliquant citoyens, acteurs économiques et institutions pour débattre des réformes nécessaires, accompagnée d'un renforcement de la régulation et d'un changement radical dans les comportements pour préserver la ressource en eau face à l'urgence climatique.
Ce rapport constitue une étape essentielle pour anticiper et atténuer les crises hydriques à venir, en insistant sur l'urgence d'une gestion plus rationnelle et équitable de l'eau dans un contexte de changement climatique accéléré.