Salut Augustin, peux tu dans un premier temps te présenter aux lecteurs ?
Bonjour, je m'appelle Augustin Beirnaert, j'ai 30 ans. Après avoir pas mal voyagé, je me suis installé en Bolivie en 2022. Je pêche depuis tout petit, j'ai dû attraper mes premiers poissons alors que j'étais encore en couche-culotte. Comme beaucoup de pêcheurs, j'ai d'abord commencé par la pêche au coup, puis j'ai pratiqué la pêche au toc, à la carpe, au surfcasting, aux leurres…
J'ai découvert la pêche à la mouche grâce au brochet. À l'époque, je vivais en Bretagne. Après avoir appris à pêcher à la mouche sur les brochets, je me suis mis à traquer les bars dans les estuaires, mais aussi les truites dans les ruisseaux, les carpes dans les petits étangs, les mulets dans les ports… Bref, j'ai essayé d'attraper tout ce qui a des nageoires avec une canne à mouche. J'ai même réussi à prendre des lieus au streamer depuis le bord !

Je continue bien sûr de pêcher à la mouche ici, en Bolivie. Et j'ai eu le plaisir d'attraper des truites sur l'Altiplano (évidemment), mais aussi des dorados, des peacock bass, arapaïmas, pacus…
Pourquoi es-tu devenu guide de pêche ?
En 2020, alors que je travaillais comme marin conchylicole en Bretagne, j'ai eu un accident du travail. Mon pied a été écrasé sous un chariot élévateur. J'ai subi plusieurs fractures ouvertes, de nombreuses interventions chirurgicales, et il m'a fallu plusieurs mois pour m'en remettre.
Cela faisait déjà quelque temps que je réfléchissais à une reconversion, et cet accident a été le déclic. Passionné de pêche depuis toujours, je tenais absolument à rester en lien avec cette discipline. Le guidage m'est alors apparu comme une évidence et je ne regrette absolument pas ce choix.
Quels types de guidage propose-tu ?
En Bolivie, il est possible de pêcher dans des milieux très variés, chacun abritant des espèces spécifiques : les truites sur l'Altiplano, les dorados dans les jungles montagneuses, les arapaimas dans les plaines amazoniennes… En général, la pêche se pratique dans des zones plutôt reculées, avec peu de confort. On organise des campements itinérants sur les berges des rivières ou au bord des lacs.
J'essaie toujours de m'adapter au mieux aux attentes des clients. Je guide aussi bien à la mouche, qu'aux leurres ou même à l'appât naturel pour certaines espèces. De manière générale, je ne prends que de petits groupes, deux à trois pêcheurs maximum. J'aime passer du temps avec chacun de mes clients et leur offrir le meilleur service possible.

J'essaie également de développer un projet avec les communautés indigènes. Chaque année, leurs territoires diminuent face à la déforestation, principalement liée à l'élevage bovin. Les projets de pêche sportive peuvent représenter une opportunité pour aider à protéger ces territoires.
Qu'est-ce qu'être guide de pêche pour toi ?
Être guide, c'est beaucoup de rencontres, de convivialité, des moments de partage passés au bord de l'eau. Mais c'est également énormément de savoir, d'apprentissage, et de travail. En effet, un pêcheur qui prend un guide attend une certaine prestation technique, ou un certain savoir sur l'écosystème pêché. Il faut très bien connaître l'espèce visée et l'écosystème dans lequel elle évolue. Il faut aussi savoir prendre du plaisir à voir les autres pêcher et attraper du poisson.
Tu pêches ou pas lorsque tu es en guidage ?
Guider et pêcher sont deux choses bien différentes. Je ne pense pas qu'on puisse guider correctement si l'on pêche pour soi. Il m'arrive de prendre la canne dans certains cas, pour expliquer une technique ou essayer de trouver le « truc » qui va débloquer une situation. En dehors de ces cas-là, je ne pêche pas.

Que fais-tu lorsque tu ne guides pas ?
Le guidage n'est pas encore mon activité principale, donc je travaille à côté des sessions de guidage. J'en profite aussi pour explorer de nouvelles zones, préparer les guidages à venir, entretenir le matériel… Et surtout, j'essaie de pêcher le plus possible.
Quel regard portes-tu sur le guidage en France ?
N'ayant jamais guidé en France et vivant en Amérique du Sud, je n'ai pas vraiment de retour sur la question. Mais je pense que vivre du guidage en France est très difficile. En effet, les pêcheurs français (moi le premier) n'ont pas l'habitude de faire appel à des guides pour apprendre une nouvelle technique ou découvrir un nouveau milieu.
Quels conseils aurais-tu à donner aux personnes qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure ?
Je pense que le premier conseil à donner, c'est qu'aimer la pêche ne suffit pas. Quand tu guides, tu ne pêches pas, il est important de bien faire la part des choses. Il est également essentiel de maîtriser parfaitement son sujet, et d'être capable de transmettre son savoir. Bien souvent, le métier de guide s'apparente à celui de professeur.

En tant que pêcheur, quel est ton rêve ?
J'ai encore bien des rêves à réaliser, et je pense qu'ils sont tous liés aux voyages. J'aimerais beaucoup aller pêcher le brochet en Sibérie, le taimen en Mongolie… Ces deux environnements, presque totalement sauvages, m'ont toujours fait rêver. Assister aux grands rassemblements de saumons au Canada me plairait également. J'aimerais aussi pêcher des espèces plus rares, comme l'amago au Japon ou encore le yellowfish au Lesotho. Bref, j'ai encore beaucoup de rêves, et j'espère pouvoir les réaliser un à un.