Pêche du chevaine au leurre insecte, les différentes approches

Pêcher le chevaine aux imitations d'insecte © Morgan Calu

De nature lunatique, le chevaine est un adversaire qui peut se révéler capricieux. C'est un formidable poisson à pêcher, bien présent dans nos eaux, qui nécessite parfois une bonne maîtrise technique et une approche subtile pour le duper. La technique reine pour traquer le chevaine est la pêche à vue au leurre « insecte ». C'est une pêche rapide de prospection vraiment ludique qui se pratique durant les beaux jours et qui procure de belles montées d'adrénaline.

Le chevaine est un cyprinidé très présent dans nos eaux qui peut atteindre une taille moyenne intéressante. Avec l'avènement du street fishing et des techniques de pêche légère, le chevaine est devenu un poisson de sport convoité. Un poisson de sport au sens propre et profond du terme, car ce cyprinidé est presque uniquement recherché pour les sensations que sa pêche, ou plutôt sa traque, procure. Ce n'est pas une espèce dite « noble » mais sa combativité n'a rien à envier à beaucoup de poisson d'eau douce et les montées d'adrénaline qu'il provoque satisfont largement nos besoins en sensations.

La pêche à l'insecte, les différentes approches

Comme son nom l'indique, il est question de présenter au poisson un leurre souple imitant un insecte ou un invertébré.

Certaines marques ont même développé des leurres pour cette pêche, comme la woodlouse, la fameuse imitation d'insecte d'Illex, conçue et destinée à cette traque du chevesne.

C'est une pêche au leurre particulière, qui consiste à présenter au poisson une imitation d'insecte en l'ayant préalablement repéré à vue.

Il ne s'agit donc pas d'une pêche au leurre classique, mais plutôt d'un mélange entre la pêche à la mouche, la pêche à la surprise et la pêche au leurre. Cette technique s'adresse en particulier au chevaine, mais saura aussi duper les black-bass, aspes, rotengles, perches et plus globalement toutes les espèces de poissons se nourrissant de petites proies en surface.

La meilleure période pour pratiquer cette technique correspond à l'arrivée des beaux jours jusqu'au début de l'automne. Période durant laquelle les poissons évoluent en surface, à la recherche de proies et lorsque les eaux sont les plus claires.

Cette pêche à vue est une pêche dynamique où il faut perpétuellement scruter l'eau, tout en progressant le long de la berge. Il faut être attentif et se déplacer rapidement, mais discrètement pour localiser un maximum de poisson sans être repéré, sous peine d'effrayer ces poissons méfiants ou d'essuyer des refus. En revanche, il ne suffit pas de lancer simplement son leurre près d'un poisson repéré, c'est un peu plus compliqué que cela.

La pêche du chevaaine au leurre insecte est ludique et pleine de sensation!
La pêche du chevaine au leurre insecte est ludique et pleine de sensation !

Cette pêche va jouer sur plusieurs mécanismes réflexes du poisson. Le poisson roi de cette traque est sans aucun doute le chevaine. Très présent partout dans l'hexagone, notre cabot, suivant son humeur, va se tenir de plusieurs façons presque récurrentes suivant les conditions.

Sans entrer dans une systématisation de son approche, il est possible de dégager des tendances pour l'aborder correctement et maximiser ses chances de le leurrer.

Par ailleurs, il s'agit de mon point de vue personnel et il appartient à chacun de tirer profit de ces remarques et de les adapter à ces spots de pêche et à l'humeur des poissons.

Voici 6 cas (non exhaustifs) que je m'efforce d'expliquer de manière simple afin d'aborder au mieux le chevaine et qui couvrent selon moi environ 90 % des situations de pêche à vue.

Cas 1 :

Le temps est ensoleillé, sans vent (après un épisode venteux ou pluvieux ou simplement par beau temps chaud). Les chevaines sont très souvent en station, nez au courant à une distance variant entre 5 et 15 m de la berge, battant juste la caudale pour se maintenir immobile ou presque dans le courant.

Ils sont aussi souvent « accoudés » vers l'extérieur d'un obstacle présent dans l'eau (duc d'albe, branche qui plonge dans l'eau et retenant des débris végétaux…).

Dans ces conditions, le chevaine attend patiemment sa nourriture que le courant va lui amener sans qu'il ne fournisse d'efforts pour l'attraper.

Le chevaine espère que le flux d'eau va lui apporter de la nourriture : morceau de pain, débris végétaux, graines, petits invertébrés emportés par les flots, insectes…

Il faut donc lui donner ce qu'il attend, une proie qui dérive.

Quelques friandises à chevaine ( Illex Woodlouse)
Quelques friandises à chevaine ( Illex Woodlouse)

Pour ce faire, on lancera entre 3 et 5 m devant lui en amont, dans l'axe du poisson.

Le poser du leurre devra être maîtrisé et relativement délicat pour ne pas générer une grosse onde ou du bruit. Pour cela, tendez la bannière juste avant le posé du leurre pour le ralentir.

Prenez soin de gérer la bannière lorsque le leurre dérive, de manière à ce que l'insecte et non le fil arrive au dessus de poisson en premier. Inutile d'animer le leurre.

Lorsque le leurre arrive devant le poisson, ce dernier déploie juste ses nageoires pectorales pour monter se saisir de cette proie facile, en la prenant délicatement dans ces lèvres blanches.

À retenir : Lancer fouetté par-dessus l'épaule ou de côté avec posé contrôlé et ralenti et maintient canne haute lors de la dérive du leurre.

Cas 2 :

Presque semblable au premier, sauf que la luminosité est faible (nuage, soirée…) ou qu'une légère brise froisse la surface de l'eau. Les poissons n'évoluent alors souvent plus juste sous la surface, mais dans cinquante centimètres à un mètre d'eau. C'est presque mécanique chez ce poisson : dès que la luminosité baisse ou que l'eau se ride, le chevaine descend dans la couche d'eau.

Ils sont difficiles à distinguer. On ne discerne d'ailleurs souvent qu'une masse sombre ou une nageoire caudale foncée.

Il faut alors proposer une proie suspendue dans l'eau et non plus en surface, les chevaines étant moins emprunts à monter en surface pour se saisir d'une proie.

Pour la woodlouse, percez la bulle d'air et piquez l'hameçon à travers le leurre.

Gros chevaine capturé après avoir aperçu sa silhouette
Gros chevaine capturé après avoir aperçu sa silhouette

Mis à part que le leurre coule, la stratégie et la méthode sont similaires au cas précédent, sauf que le chevaine se décalera plus facilement à gauche ou à droite que dans un plan vertical.

À retenir : Lancer fouetté par-dessus l'épaule ou de côté canne accompagne la coulée du leurre et la dérive.

Cas 3 :

Un chevaine est en bordure (moins de 2 m de la berge), immobile ou dans une zone (pas forcément à proximité immédiate de la berge) où il y a très peu de courant. Le chevaine n'attend pas une proie qui dérive, mais se tient plutôt à l'affût, souvent sous les frondaisons, les arbres fruitiers ou le long d'une structure.

Il attend généralement qu'une proie terrestre tombe dans l'eau. Là encore, il faut offrir au chevaine ce qu'il convoite, une proie maladroite qui tombe dans l'eau.

Il faudra donc lancer devant le poisson (entre 1 m et 2 m devant) ou idéalement entre le poisson et la berge, en veillant à ce que la bannière ne passe pas au dessus des poissons, c'est important !

Plus votre leurre fera du bruit en tombant dans l'eau (un « ploc »), plus il sera intéressant et captera l'attention de notre cyprinidé. Dans ce cas, les leurres de nuances sombres sont souvent les meilleurs (imitant un fruit ou un insecte).

Gros chevaine capturé sous les frondaisons
Gros chevaine capturé sous les frondaisons

Il faudra même parfois skipper (faire ricocher votre leurre) pour aller débusquer les chevaines. Le chevaine peut soit foncer sur le leurre, freiner sa course à quelques centimètres du leurre et monter délicatement pour s'en saisir (ferrage facile), soit s'en saisir violemment dans un grand remous (ferrage plus difficile, et il ne faut pas hésiter à attendre presque une seconde après le remous pour ferrer et être sur que le chevaine s'est bien saisi de notre « bêbête »).

À retenir : Lancer sous la canne fermeture du pick-up rapide pour être réactif sur le ferrage, ne pas hésiter à faire un « ploc » à la tombée du leurre pour attirer l'attention du cyprin aux aguets

Cas 4 :

Un chevaine se déplace plus ou moins rapidement en n'évoluant pas à la même profondeur. Le poisson n'est pas forcément en train de se nourrir et sa grande mobilité empêche un lancer précis.

Il faut le surprendre ! On tentera de lancer au plus proche du poisson en veillant toujours à ne pas faire passer le fil au dessus du chevaine. Le chevaine se jettera alors certainement de manière réflexe et mécanique sur votre leurre !

À retenir : Lancer rapide sur le poisson

Cas 5 :

Il y a plusieurs chevaines en banc. Les poissons sont en compétition alimentaire donc moins méfiants. Premier sur la nourriture, premier servi.

Gros chevaine prit dans un banc
Gros chevaine pris dans un banc

Plutôt que de lancer dans le tas de manière aléatoire, tentez de lancer au plus près du plus beau sujet…

À retenir : lancer suivant la distance du banc.

Cas 6 :

Un cas dont j'ai rarement profité, mais pourtant propice à la pêche du chevaine. Il s'agit d'éclosions d'insectes sur des lacs. On assiste alors à de nombreux gobages en surface de plusieurs espèces de poissons (salmonidés, rotengles, gardons, voire perches et bien sûr chevaines).

Je ne pêchais alors pas forcément à vue mais lançais près d'une onde créée lors d'un gobage et trahissant la présence d'un poisson.

J'animais avec de très légers tremblements mon leurre insecte, pour imiter un invertébré agité se dépêtrant de l'élément liquide.

Pour cela, une canne typée rockfishing ou street fishing, avec un scion plein, permet de micro-animations de votre leurre. Les gobages sur votre leurre interviennent souvent après quelques secondes d'animations.

À retenir : lancer prêt d'un gobage puis, animer le leurre avec des légers tremblements.

Ces six différents cas ont pour but de vous éclairer dans votre approche et dans la façon d'aborder la pêche du chevaine à vue. Il faudra bien sûr s'adapter en fonction des conditions (vent latéral, abondance d'un type de nourriture en particulier, présence de structure, profondeur du cours d'eau…), mais aussi de l'humeur des poissons qui se montrent parfois très têtus.

Le point commun pour tous ces cas, est que dans un premier temps et par défaut, je n'anime pas le leurre (sauf cas 6). Par contre, si j'essuie un refus, j'imprime de micro-secousses et vibrations (grâce à une canne à scion plein) au leurre pour déclencher l'attaque. Il n'est alors pas rare que le « cabot » fasse une boucle et revienne happer notre imitation d'insecte qu'il avait délaissé au premier passage.

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