Interview / Mme Gallin-Martel, FD du Vaucluse : "Le silure n'est pas inscrit au Code de l'Environnement"

© Lionel Guirado

La Fédération de Pêche du Vaucluse a récemment communiqué sur le projet de mise en place sur le Rhône du premier parcours français labellisé "Silure". Nous avons voulu creuser la question et avons pour ce faire contacté la Directrice Générale de la FD du Vaucluse, Madame Claude Gallin-Martel.

Bonjour Madame Gallin-Martel, tout d'abord merci d'avoir répondu à notre demande d'interview.

Nous avons récemment relayé dans les colonnes de Peche.com l'information selon laquelle la Fédération de Pêche du Vaucluse souhaitait ouvrir le premier parcours français labellisé "silure". Pourquoi cette volonté de créer un tel parcours ?

Claude Gallin-Martel – Nous avons comme missions premières dans les Fédérations de Pêche de promouvoir le loisir pêche et de préserver les milieux et pour ce qui est de promouvoir le loisir pêche il s'agit en partie de répondre aux attentes des adhérents que sont les pêcheurs. Il y a beaucoup d'attente de la part de la nouvelle génération de pêcheurs qui souhaitent voir évoluer la réglementation et notamment en ce qui concerne le silure. C'est dans ce contexte que nous avons mis en place ce parcours labellisé silure en 2016 sur le Rhône. Il s'agit également d'un parcours sur lequel la pêche de nuit à la carpe est autorisée.

Le parcours "silure" symbolisé en rouge.
Le parcours "silure" symbolisé en rouge.

Ce parcours existe donc déjà mais l'objectif est d'obtenir l'autorisation pour la pêche du silure de nuit ?

Claude Gallin-Martel – Effectivement. S'il s'agit du seul parcours labellisé « Silure » en France, celui-ci n'est pour le moment qu'un parcours permettant la pêche du silure de jour. Le projet est de le faire vivre et notamment de le transformer en parcours de nuit.

Le Rhône est particulièrement réputé à travers la France pour sa population de silures, cela paraît assez évident que les premières mesures de ce type soient prises sur ce genre de spots.

Claude Gallin-Martel – Tout à fait. Ce secteur est caractérisé par une forte population de silures. L'idée en marge de ce projet est également de sensibiliser l'opinion vis-à-vis de la nécessité qu'il y a de conserver les gros sujets pour que l'autorégulation de l'espèce fonctionne. Il y a encore trop de gens qui pensent qu'il faut précisément supprimer ces grands poissons. Le problème du silure tel qu'il est évoqué n'en est pas un pour nous, il y a d'ailleurs plusieurs études pour le démontrer. Le régime alimentaire du silure est très varié et son incidence supposée sur les milieux est très relative, qui plus est lorsqu'il s'agit de grands fleuves comme le Rhône…

Le projet est d'obtenir l'autorisation de la pêche du silure de nuit sur le parcours.
Le projet est d'obtenir l'autorisation de la pêche du silure de nuit sur le parcours.

Les carpistes ont réussi à obtenir de nombreux parcours de pêche de nuit à travers la France. Quelles difficultés rencontrez-vous à développer la pêche du silure de nuit ?

Claude Gallin-Martel – Contrairement à la carpe, le silure n'est pas inscrit dans le Code de l'Environnement, si bien qu'il y a un vide juridique autour de ce poisson. Parmi les demandes que nous avons faites auprès des services de l'État pour faire évoluer la réglementation figure, en plus de la possibilité de pêcher de nuit, la mise en place d'une maille inversée (que toutes les prises au-delà d'1,50m soient remises à l'eau) pour permettre l'autorégulation par les gros sujets. Nous n'avons pas d'appui réglementaire nous permettant de le faire pour le moment.

Vous travaillez en lien avec la Silurus Glanis Association ainsi que le Fédération de Pêche du Gard pour mener à bien votre projet.

Claude Gallin-Martel – Nous travaillons de façon étroite avec SGA, effectivement, puisqu'il s'agit à la fois de spécialistes de la question mais également de nos pêcheurs. Il est donc essentiel que nous restions à leur écoute concernant l'évolution à donner en France à la pêche du silure. Nous travaillons également en lien avec la FD du Gard car si les baux de pêche sont vauclusiens, le parcours se situe dans le département du Gard.

Logo de la Silurus Glanis Association
Logo de la Silurus Glanis Association

De plus, d'autres Fédérations de Pêche ont des attentes similaires, nous ne sommes pas des cas à part. Nous sommes d'ailleurs en train de nous rapprocher de celles-ci dans le but de mutualiser nos efforts pour que le sujet soit traité dans son ensemble et pas seulement de manière isolée.

Vous souhaitez répondre aux attentes de vos adhérents, voir la réglementation sur la pêche du silure évoluer et sensibiliser l'opinion publique sur les mœurs de ce poisson. Y a-t-il d'autres objectifs poursuivis dans le cadre de ce projet ?

Claude Gallin-Martel – Valoriser le potentiel piscicole français ! Nous souhaitons faire vivre ce parcours car il concerne de nombreux pêcheurs et que beaucoup de pêcheurs souhaitant pratiquer la pêche du silure de nuit vont partir en Espagne alors que nous pouvons offrir quelque chose qui répond à leurs attentes ici, en France.

Par ailleurs la pêche de nuit du silure serait pertinente du point de vue des mœurs plutôt nocturnes du silure et bénéfique pour le milieu dans le sens où la présence de pêcheurs sportifs au bord de l'eau la nuit permettrait d'assurer une surveillance du secteur. Le Rhône est un fleuve particulièrement frappé par le braconnage et le trafic de silures…

Quelle est la prochaine étape ?

Claude Gallin-Martel – A ce jour nous avons reçu une réponse négative des services de l'Etat puisque, comme je l'ai dit, le Code de l'Environnement ne prévoit pas la possibilité de pêcher le silure de nuit contrairement à la carpe. La demande doit être remontée au Ministère.

Affaire à suivre…

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