Une espèce non-native
L'arapaïma, aussi appelé paiche en Bolivie, n'est pas originaire de ce pays. Il a été introduit dans les années 1970 à la suite du débordement de bassins piscicoles au Pérou. Doté d'une formidable capacité d'adaptation, il a rapidement colonisé une grande partie du bassin amazonien bolivien. Les populations locales ne voient pas toujours d'un bon œil l'arrivée de ce formidable prédateur.
Description
Le paiche possède un corps allongé, fusiforme, aplati latéralement sur le tiers arrière. Il peut atteindre plus de 2,50 mètres et dépasser les 200 kg. Sa tête est massive, osseuse, légèrement arrondie à l'avant, avec les yeux situés très en avant, lui offrant une excellente vision de son environnement. Sa bouche protractile, orientée vers le haut, est garnie de petites dents qui empêchent les proies de s'échapper. Les nageoires pectorales se trouvent juste derrière la tête, tandis que les pelviennes sont positionnées très en arrière, presque au niveau de l'anus. Les nageoires dorsales et anales, parfaitement symétriques, associées à une queue courte et arrondie, offrent une grande puissance de propulsion.

Ses écailles épaisses forment une véritable cuirasse, capables de résister aux dents de la plupart des prédateurs. Leur couleur varie du vert-gris au noir sur le dos, s'éclaircit sur les flancs, et vire au rouge vif près de la queue, notamment en période de reproduction. Le dimorphisme sexuel n'est visible qu'à cette période : les mâles arborent une queue flamboyante, tandis que celle des femelles est plus terne. La plus grande particularité de l'arapaïma reste sa vessie natatoire qui a évolué en un en poumon primitif, et qui lui permet de respirer de l'air. Cette adaptation lui donne un net avantage dans les eaux pauvres en oxygène, notamment durant la saison sèche.

Alimentation
L'arapaïma est un carnivore opportuniste. Sa base alimentaire est constituée de poissons, mais il est aussi capable de capturer tout ce qui tombe à l'eau : oiseaux, amphibiens, petits mammifères… C'est un chasseur à l'affût. Sa morphologie est idéale pour l'immobilité et les démarrages fulgurants. Il peut rester de longues minutes sans bouger, dissimulé près de la végétation, en attendant qu'une proie passe à sa portée. Son attaque, extrêmement rapide, se termine par une grande aspiration. Toutefois, il s'essouffle rapidement : si sa tentative échoue, il ne poursuit généralement pas sa cible.

Reproduction
La reproduction de l'arapaïma est encore peu documentée, mais on sait qu'il atteint la maturité sexuelle vers 4 à 5 ans. Une femelle peut produire entre 4 000 et 10 000 ovocytes. La reproduction a lieu pendant la saison sèche. À cette période, les couples se forment et creusent un nid dans les zones calmes et peu profondes des lacs ou rivières. Le couple protège le nid jusqu'à l'éclosion, et le mâle continue de jouer un rôle essentiel en gardant les alevins près de lui et en les guidant vers la nourriture. Lorsque la saison des pluies commence et que les rivières débordent à nouveau, les jeunes arapaïmas gagnent la forêt inondée, un refuge riche en ressources et en cachettes. Ils resteront jusqu'à la saison sèche suivante ou ils auront une taille suffisante pour ne plus avoir de prédateurs, à part l'homme.

L'arapaïma est une espèce dotée d'une formidable capacité d'adaptation. Présent sur terre depuis plusieurs millions d'années, il a quasiment disparu à partir des années 60. Une prise de conscience générale et une volonté politique ont réussi à rétablir les populations dans beaucoup de pays. Le paiche reste un poisson fragile dans certains territoires. Ce fossile vivant est à mi-chemin entre les espèces aquatiques et terrestres.

/ 






