Rencontre avec Geoffrey Craighero : vidéaste et pêcheur passionné

Geoffrey Craighero est pêcheur depuis son plus jeune âge, passionné également par le pouvoir et la sensibilité des images, il a décidé de lier ses deux passions et d'en faire son métier.

Bonjour Geoffrey, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour ! Geoffrey Craighero, 36 ans, installé à Annecy un territoire qui m'inspire autant par ses paysages que par son dynamisme. Mon parcours est celui d'un artisan passionné : charpentier pendant 6 ans, pompier volontaire pendant 5 ans, et menuisier pendant 7 ans. Des métiers qui m'ont forgé, entre rigueur, service, résilience et amour du travail bien fait. Mais depuis toujours, une autre passion grandissait en moi : l'image.

La vidéo et la photographie sont devenues bien plus qu'un hobby, une façon de capturer l'émotion, de raconter des histoires, et de transmettre ce qui me fait vibrer. Aujourd'hui, l'entrepreneuriat me permet de créer, me dépasser et me renouveler chaque jour. J'aime les défis, les projets qui ont du sens, et cette liberté de pouvoir allier ma passion à mon métier.

Pour moi, chaque tournage est une nouvelle aventure et chaque image, une opportunité de toucher les cœurs.

Peux-tu nous parler de tes débuts en matière de pêche ?

Cette passion, c'est un héritage. Celui de mon grand-père, un pêcheur à la cuillère légendaire dans nos rivières de Haute-Savoie. Dès mes 12 ans, je passais des heures à ses côtés, bien plus occupé à démêler mes nœuds qu'à pêcher… Mais c'est lui qui m'a tout appris : comprendre les courants, observer les écosystèmes, et surtout, respecter la nature.

Au-delà des techniques, il m'a transmis trois valeurs indélébiles : le respect, la discrétion et la résilience. Des leçons qui dépassent largement la pêche et qui, aujourd'hui, guident aussi ma façon de filmer. Chaque rivière a son langage, chaque pêcheur à son histoire et c'est cette philosophie que j'essaie de capturer à travers mon objectif.

Quand, comment et pourquoi as-tu décidé de concilier ta passion avec ton métier ?

En août 2020, après mes cinq années de pompier volontaire (en parallèle de mon métier de charpentier) où j'ai été confronté à des moments difficiles durant certaines interventions, je ne pouvais plus rester sans transmettre cette envie d'aimer la vie, et l'idée d'utiliser l'image met naturellement venue à l'esprit. J'ai donc décidé de sauter le pas.

Avec mon ami Julien Fèche, lui aussi en quête d'aventure, nous avons lancé chacun notre auto-entreprise. Au début, c'était une expérience de plus… Mais très vite, j'ai compris que c'était bien plus. Ma caméra est devenue un passeport. Elle m'a ouvert les portes de projets fous, de rencontres extraordinaires, et surtout, elle m'a donné un moyen de partager ces valeurs qui me font vibrer : l'authenticité, l'émotion, la transmission.

Pour moi, la vidéo et la photographie ne sont pas juste des outils, ce sont des langages. Des façons de dire : « Regardez comme la vie est belle, intense, fragile. » Et c'est cette mission qui me fait me lever chaque matin.

Quels types de produits proposes-tu, et pour qui ?

Mon expertise s'est construite sur le terrain, notamment dans l'univers outdoor, où chaque projet est une immersion. Je propose des prestations sur mesure, de la création à la diffusion, pour :

  • Immortaliser des instants (photographie d'événements, reportages, portraits).
  • Raconter des histoires (documentaires, interviews, films corporate ou associatifs).
  • Donner vie à des projets commerciaux (vidéos de marque, contenus pour les réseaux sociaux).

Mon approche ? Écouter, conseiller, et co-créer avec mes clients pour que chaque projet reflète leurs valeurs, leurs émotions, et leur singularité. Que vous soyez une entreprise, une association, un artiste ou un particulier, l'objectif est le même : créer des images qui résonnent, qui touchent, et qui restent gravées.

Pour toi, une image de pêche réussie, ça ressemble à quoi ?

Au-delà de la technique, une image réussie est une image qui vous traverse. Celle qui vous fait monter les larmes aux yeux, qui vous donne la chair de poule, ou qui vous transporte ailleurs en un instant. Ce n'est pas juste un paysage, c'est une émotion pure, un souvenir qui s'imprime dans la mémoire. Pour moi, filmer, c'est une chasse aux instants. Un moment où tout s'aligne : la lumière, le mouvement, l'émotion. Quand une image parvient à transmettre une émotion, c'est gagné.

Un souvenir ou une anecdote en tournage à partager ?

Il y en a tant… Mais deux moments me marquent particulièrement.

Le premier : rencontrer Martin, le frère de Mike Horn, après des mois de préparation. Une interview qui m'a bouleversé, et confirmé que les plus grandes aventures naissent souvent dans les tripes.

Le second : un voyage en Finlande avec l'agence Nomade Pêche. Imaginez : 120 km du premier hôpital, 10 km du premier voisin, et nous, au milieu de nulle part, à capturer des images de pêche sauvage. Une immersion totale, presque mystique.

Mais le plus beau souvenir, c'est une histoire intime. En 2024, après le décès de mon grand-père, je suis parti en Islande avec sa cuillère préférée, une ondulante qu'il adorait. Un jour, au bord d'un lac, je lance cette cuillère… Et là, une truite de 52 cm mord à l'hameçon. Ce poisson, je l'ai dédié à lui. Puis, symboliquement, j'ai laissé la cuillère au fond du lac, comme pour l'accrocher à nos souvenirs. Aujourd'hui encore, quand j'en parle, j'en ai la chair de poule… (Vous pouvez voir cette photo sur ma page Facebook, Geoffrey Craighero.) Ces moments-là rappellent pourquoi je fais ce métier : pour transformer l'émotion en images, et des souvenirs en héritage.

Tu as encore le temps d'aller pêcher ?

Moins qu'avant, c'est vrai ! Mais la pêche reste une soupape, un retour aux sources que je me retrouve seul au milieu d'une rivière. Certains tournages me permettent même de combiner les deux comme cette journée mémorable au lac d'Annecy avec Christophe Martin et William Bordignon de Will Sportfishing. En quelques heures, ils m'ont fait vivre des instants magiques : une truite lacustre superbe et un brochet d'un mètre…

Des souvenirs gravés, et la preuve que la passion, quand on la cultive, trouve toujours sa place. Un immense merci à eux pour ces moments !

Quel regard portes-tu sur la pêche en France et à l'étranger ?

Avec 24 ans de recul, le constat est sans appel : nos rivières ne sont plus celles de mon enfance. En Savoie, dans la rivière de mon enfance, je pêchais 15 à 20 truites par journée, j'en suis aujourd'hui heureux d'en prendre 5. La raréfaction des poissons est une réalité, et elle questionne notre rapport à la nature.

À l'étranger en Irlande, Finlande, Islande, ou aux USA, les densités sont souvent plus élevées. Mais pour combien de temps ? Ces voyages m'ont aussi appris une chose : la pêche est un miroir. Elle reflète notre impact sur les écosystèmes… et notre capacité à les préserver. Peut-être que demain, ces destinations connaîtront les mêmes défis que la France.

Alors, oui, je pêche encore avec passion, mais avec une conscience aiguë : chaque poisson relâché, chaque rivière respectée, est un pas vers un héritage durable. Et c'est aussi ça, la beauté de cette passion et elle doit nous rendre responsables.

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