Pêche en surface : efficacité et sensations
Les pêches en surface font partie des pêches qui procurent le plus de plaisir. Il s'agit souvent de pêches pratiquées lors des beaux jours, car les poissons évoluent volontiers en surface en quête de nourriture, mais aussi d'une eau chaude et oxygénée.
Les plaisirs de cette pêche sont multiples : on peut voir évoluer son leurre à la surface, le voir nager et le travailler mais ce qui rend cette technique si attractive, ce sont les attaques des poissons. Tout se passe sous nos yeux, soit furieusement, soit tout en douceur, mais dans tous les cas nous sommes aux premières loges pour voir notre leurre se faire happer.
Il s'agit pour moi de la pêche la plus à même de procurer des sensations et de belles montées d'adrénaline ! Un autre point fort et avantage de cette technique est qu'elle permet de capturer de très beaux sujets de black-bass, perches, chevesnes ou encore d'aspes. En effet, ces espèces possèdent une forte propension à se nourrir en surface.

Plusieurs raisons expliquent que de nombreux prédateurs se nourrissent en surface. Premièrement, les proies sont faciles à repérer et il est aisé de les intercepter par-dessous, du fait qu'elles n'ont que peu d'échappatoires. Outre la facilité à repérer facilement cette nourriture, les proies repèrent mal le prédateur qui arrive d'en bas et « s'offrent » littéralement à ces derniers… Enfin, ces proies sont nombreuses en surface durant la période estivale et constituent une véritable manne pour les poissons carnassiers, qui auraient tort de s'en priver…
La pêche en top water que je vais vous présenter est une pêche light (légère), car comme pour la pêche au leurre souple, ce qu'on appelle le « down sizing » (baisse de la taille des leurres) permet de prendre les poissons rendus éduqués et méfiants à l'égard des leurres de taille conventionnelle. Qui plus est, ces poissons difficiles à leurrer sont souvent aussi les gros poissons. Enfin, outre la pertinence à pêcher léger en termes d'efficacité, comme je le disais en introduction, cela permet encore de décupler les sensations et le plaisir déjà procuré par la pêche en surface.
Mini leurre, pourquoi ?
Lorsque l'on se penche un peu plus près sur le régime alimentaire des poissons se nourrissant en surface, on s'aperçoit rapidement que les proies les plus courantes sont des insectes, de petits batraciens ou encore des alevins, mais rarement de grosses bouchées (excepté pour le brochet ou encore le silure). Dès lors, il paraît naturel de pêcher ces poissons avec de petits leurres imitatif, faciles à gober et qui correspondent à la taille des proies les plus couramment rencontrées.
Certains jours, les prédateurs apparaissent comme très sélectifs quant au type de proie visée et les petits leurres imitatifs permettent souvent de les décider à attaquer. Ces minis leurres suscitent chez les carnassiers moins de méfiance que les leurres plus gros et lourds, émettant des signaux trop « violents » et peu naturels. Nous sommes exactement dans la philosophie du downsizing, ne pas émettre trop de signaux ou stimuli « faux » et rebutant les poissons éduqués, mais plutôt jouer sur l'aspect le plus naturel possible du leurre proposé. Il faut leur présenter des petits leurres évoluant de manière naturelle et subtile. Ce type de proie nécessite peu d'efforts pour se nourrir et suscite un réel intérêt de la part des carnassiers.
Enfin, même si la proie (le leurre) est de petite taille, il sera toujours à contrejour et contrastera beaucoup avec le ciel en arrière-plan, qu'il soit nuageux ou non. Vous l'aurez compris, ces petites proies sont de réelles friandises, faciles à attraper et à aspirer pour les carnassiers. Ce que j'appelle mini leurre, comprend plusieurs types de leurre dont la taille n'excède pas les six centimètres pour un poids ne dépassant pas les trois à quatre grammes.
De plus, contrairement à ce qui est souvent pensé, il est tout à fait possible de combiner pêche light en surface et pêche de prospection, pas forcément à vue. Il suffit simplement de choisir le bon leurre pour la bonne situation.
Les différents types de leurre
Il existe de nombreux modèles de leurres miniatures évoluant en surface. J'ai choisis de détailler ici trois catégories de leurre durs que j'utilise régulièrement et qui couvrent selon moins la grande majorité des situations que l'on peut rencontrer.
Les SSR
Les « SSR » (« super shallow runner », à nage très peu profonde) sont des crankbaits, dont la bavette est très courte et presque verticale. De fait, elle va offrir peu de prise à l'eau et ne va pas provoquer une grande immersion du leurre. Cette bavette fait que le leurre nage avec une forte amplitude, caractéristique des crankbaits, tout en évoluant dans la pellicule d'eau.
Ces leurres vont en effet déplacer beaucoup d'eau et attirer les carnassiers d'assez loin, même si le leurre est de petite taille. La récupération se fera en linéaire (cranking) comme un crankbait traditionnel, et l'on a aussi tout intérêt à faire quelques pauses (do-nothing) afin d'éveiller la curiosité d'un carnassier ou parfois même de déclencher la touche. Il présente l'avantage d'évoluer dans environs 10 cm d'eau, en sub surface et de créer de grosses perturbations.

Les poppers
Les poppers sont des leurres à section ronde, au corps plus ou moins coniques dont la tête est biseautée ou creusée. Cette tête particulière permet de générer un « pop », un son très particulier en surface et très bruyant. Ce bruit fait vaguement penser à un carnassier qui aspire une proie (le black bass en particulier émet souvent un bruit lorsqu'il se saisit d'une proie en surface, correspondant à l'ouverture de sa bouche et à l'aspiration d'air). De plus, cette tête creusée provoque de nombreuses éclaboussures, donnant l'illusion d'une chasse en surface ou d'une fuite d'alevins. Cela a la fâcheuse tendance à exciter les carnassiers…
Concernant le côté imitatif, difficile de dire ce que la forme d'un popper est sensée représenter : cela dépend plus, selon moi, de l'animation que l'on imprime à notre popper et à la couleur utilisée. Sur ce type de leurre, j'ai un net penchant pour les modèles possédant une plume sur le triple caudale, car elle contribue à donner à notre leurre l'aspect naturel d'une proie, même lors des pauses. De plus, cela permet aux carnassiers de cibler l'attaque du leurre.

Les stickbaits
Les stickbaits ou devrait-on dire, les pencils, sont des leurres à la silhouette pisciforme. La nage première de ces leurres est le « walking the dog ». Une nage en zigzag imitant un poisson en fuite ou affolé, qui cherche à échapper à un prédateur ou qui nage nonchalamment, complètement inconscient du danger…
Il s'agit d'un leurre qui déplacera peu d'eau, mais qui aura une nage naturelle et créera un sillage et de petites vaguelettes en « V » trahissant sa présence. Sa forme fuselée permet au stickbait d'être lancé loin. C'est particulièrement pratique pour atteindre des chasses lointaines ou un poste éloigné.
Du matériel léger
Nous avons vu plusieurs types de leurre qui existent en taille « mini ». On prendra soin de sélectionner dans les leurres décrit ci-dessus, seulement les petits, voire micro leurres, dont la taille n'excède pas six centimètres pour seulement quelques grammes. Il faut donc du matériel adapté et particulièrement une canne, en adéquation avec ces leurres légers.
Pour ma part, j'opte pour une canne d'une longueur de 2 m à 2 m 20, d'action rapide (fast), pas trop nerveuse, afin d'éviter les ratés et les décochages. La plage puissance doit permettre de jeter de petits leurres légers et d'effectuer des lancers appuyés. Pour cette pêche, j'utilise une Ashura Pepper S2102ML Akoya Pearl d'Illex. Elle cumulle la finesse et la légèreté, tout en gardant une grosse réserve de puissance grâce à son blank, ce qui permet de venir à bout de gros sujets de black-bass ou de chevaine. Autre canne parfaitement adaptée, l'Ashura Blue shadow S198ML Power finesse, très polyvalente et particulière adapté pour ce type de pêche.
Sur ma canne, je dispose un moulinet de 2000 à 2500 garnis de tresse ou de nylon. Si vous choisissez le monobrin, privilégiez les nylons peu élastiques qui permettent de ferrer efficacement, même lorsque l'attaque est lointaine. Je me permets d'ailleurs de conseiller le nylon Illex Sporster qui sera l'un des meilleurs dans cet exercice.
Le nylon possède aussi la particularité d'être flottant (contrairement au fluorocarbone) ce qui est un plus pour animer proprement ces petits leurres en surface. La tresse, plus fine à résistance égale, nécessitera un bas de ligne, mais sera à privilégier dans les zones d'herbiers (très présentes l'été). Sa finesse permet en effet de « couper » les herbiers et de ne pas les amasser sur sa ligne lors d'un combat.

En bait finesse aussi
Le bait finesse est la version light des pêches en casting. Ce type de matériel apporte quelques plus, mais possède aussi quelques inconvénients. Pour ma part, j'utilise une Illex Ashura Delivrance Bait Finesse Special B210UL équipée d'un Shimano Aldebaran BFS XG sur lequel je mets un fluorocarbone de 5 lbs. Le bait finesse permet des posés du leurre délicat et plus précis qu'avec un combo spinning light traditionnel. Il s'agit là d'un réel plus dans des conditions difficiles et pour aborder les poissons éduqués.
Toujours concernant les avantages, le bait finesse décuple les sensations et le plaisir est encore accrue. Le revers de la médaille est que cette pêche demande un bon, voire très bon niveau technique en pêche casting et les distances de lancer sont plus courtes qu'en spinning. A ce propos, la B210UL d'Illex qui affiche une longueur de 2,10 m, reste assez longue par rapport à beaucoup d'autre canne du marché et permet un léger gain en distance de lancer. Cette longueur apporte un travail plus progressif du blank sans affecter la nervosité et permet un meilleur contrôle des combats.
Plusieurs espèces visées
Ce type de pêche en top water à l'aide de mini leurre s'adresse à de nombreux poissons. En effet, de nombreuses espèces n'hésitent pas à venir prendre leur repas en surface, car on l'a vu, cela nécessite une dépense minime en énergie pour se nourrir.
En premier lieu, on visera avec cette technique le black-bass et le chevesne mais les perches, aspes ou encore l'ide mélanote sont très réceptifs aux mini leurres présentés en surface. La pêche en surface présente aussi l'intérêt de trouver rapidement un spot où les poissons sont actifs, puisque ces derniers trahissent très souvent leur présence en surface lors des gobages, chasses et remous.
Concernant le black-bass, les pêcheurs recherchant les gros sujets les recherchent souvent au leurre souple. Pourtant, il est possible de réaliser des prises records en surface avec de micro leurre, plus naturels. Je me souviens encore d'une session, ou les gros poissons ne juraient que par le Chubby Popper 42 d'Illex. Il était alors possible d'être bruyant en générant de gros « pop » qui faisaient monter les gros black-bass, puis de déclencher les attaques en effectuant un « walking the dog » subtile. Résultat, en une heure de pêche, nous avions pris quatre gros bass avec ce leurre (42, 47, 48 et 50 cm) alors que les leurres souples ne les faisaient que peu réagir.
Côté cyprinidé, le chevesne est très réceptif aux petits leurres durs lors des coups du soir estivaux. La pêche en surface sélectionne les gros sujets. Les poissons de plus de cinquante centimètres ne sont pas rares et le premier rush du chevaine en vaut la peine. Voir un gros chevaine monter sur son leurre procure de belles accélérations cardiaques !

L'aspe, poisson reconnu pour être souvent tatillon voire même têtu, ne prendra à certaines périodes que des petits leurres imitant des alevins. Cela traduit la faculté qu'à l'aspe de ne se focaliser que sur une taille de proie précise (alevin) et de refuser presque systématiquement les leurres de plus de 5 cm. Cela est encore plus vrai sur les poissons éduqués et le « down sizing » prend toute sa puissance.
Pour l'aspe, il faut privilégier les leurres pouvant être ramenés très rapidement. Ce poisson possède une capacité d'attaque impressionnante et foudroie littéralement ses proies. Cette stratégie de pêche rapide vise à déclencher chez l'aspe des attaques reflexes, sans que ce dernier ne se pose de questions. Côté coloris, privilégiez les coloris naturels réalistes ou le blanc. Pour ma part, j'ai toujours un leurre coloris « ablette » ou « blanc » quand je pêche ce cyprinidé. Lorsque l'aspe est en maraude le long des berges, on pourra aussi lui présenter un leurre insecte, un peu à la façon de la pêche du chevesne.
Pour finir avec les beaux poissons que l'on peut leurrer en surface, je termine par la perche. Pour la séduire, préférez les coups du soir ou du matin en période estivale. Cette chasseuse se cantonne alors autour des boules d'alevins près des berges ou dans les zones peu profondes. Profitez du fait que la perche chasse en groupe pour multiplier vos prises et jouer sur l'effet de concurrence alimentaire. Mon leurre favori pour la perche est le Illex Chubby Pencil 55. Comme ses frères de la gamme Chubby, ce leurre possède une sonorité aigüe et cristalline, très appréciée du percidé. Sa nage en « walking the dog » et ses coloris très réalistes représentent une vraie friandise pour la perche qui n'hésitera pas à s'en emparer.
Light topwater game !
Profitez des périodes douces de la météo pour pratiquer cette pêche addictive. Cette méthode peut se pratiquer presque partout et sur un nombre intéressant de prédateurs. Elle vous procurera beaucoup de plaisir et de belles montées d'adrénaline sur du matériel léger. Outre ce plaisir, il s'agit d'une technique efficace et productive qui réserve de très belles surprises et de beaux poissons.