La pêche pour les débutant(e)s dans la littérature halieutique

La pratique de la pêche est un loisir fascinant et l'on s'enrichit de connaissances de jours en jours grâce notamment aux livres qui nous proposent de nombreux contenus et nous fournissent une mine de renseignements. Encore faut-il faire le tri dans tout cela...

Livres ou réseaux sociaux ?

Les jeunes qui cherchent des informations sur un type de pêche en particulier, les pères qui se remettent à la pêche parce que leurs enfants décident d'y aller, la mère seule qui a envie d'y amener son fils ou sa fille auront tout ce qu'il leur faut sur la toile mais où aller vraiment ? Le problème est que de nos jours nous pouvons accéder à tout ce que nous voulons en un temps record (vidéos, tutoriels, articles en lignes, vente de matériels de pêche...) mais allons-nous vraiment à l'essentiel ? Certains d'entre nous vont s'égarer sur les réseaux sociaux en cherchant le meilleur spot qui leur permettra soit de prendre le poisson le plus gros ou bien le plus grand nombre. En furetant sur les réseaux, c'est surtout la première option qui saute aux yeux.

Que veut un débutant ?

Aller à la pêche assurément et surtout prendre un ou plusieurs poissons. Il lui faut la base, quelque chose de simple c'est-à-dire : une canne, du nylon, un flotteur, des plombs, un hameçon et des appâts (un bon vieux ver de terre suffira), quelques conseils et éventuellement du poisson. Le but n'est pas de vouloir amener l'enfant ou le débutant sur une technique en particulier, cela doit (selon moi) se faire pas à pas.

Le débutant cherche aussi ce genre de spectacle
Le débutant cherche aussi ce genre de spectacle

Quelle joie de voir un enfant ou un débutant quel que soit son âge attraper son premier poisson. Peut-être me trompe-je mais il me semble que l'on a perdu la saveur de la prise de notre premier poisson. Pour moi, ce fut les poissons de roche à la mer, avec une canne en bambou, ensuite les truites d'un torrent pyrénéen avec une canne à coup en fibre de verre.

Aujourd'hui, je pratique plusieurs pêches : les carnassiers aux leurres en passant par le toc, la mouche, l'anglaise et depuis peu, j'ai découvert la pêche de la carpe. Je ne connais pas précisément toutes ces pêches et je suis probablement un très mauvais technicien, cependant, ce que j'aime, c'est d'être au bord de l'eau et de prendre du plaisir. Celui-ci peut se décliner de plusieurs façons: le contact avec la nature, la prise de poissons même dans un environnement urbain ou encore voir une personne que j'ai amenée au bord de l'eau prendre son premier poisson.

Le partage est, me semble-t-il une valeur nécessaire de nos jours. On voit des influenceurs pêche partager leurs contenus à tout bout de champ sur les réseaux sociaux mais là il s'agit … de virtuel. Le partage dans la vraie vie est tout de même beaucoup plus rare mais plus gratifiant. Pêcher c'est bien, mais diffuser sa passion et apprendre des gestes, des savoirs faire et être, des connaissances du milieu et de la nature aux plus jeunes ou aux débutants, c'est mieux !

La pêche pour les débutants au début du XXème siècle

Si l'on fait un petit retour dans le temps, on peut voir que les livres destinés aux débutants ne sont pas monnaie courante et encore moins attirants. Les couvertures n'avaient rien à voir avec celles d'aujourd'hui, en revanche le contenu semble plus poétique. Prenons Georges Lanorville et son Manuel pratique du pêcheur à la ligne publié en 1908. Dès l'introduction, c'est une invitation au voyage : « Quoi de plus attrayant en effet qu'une bonne séance de pêche, le matin, à l'heure somptueuse où se déroule le merveilleux spectacle d'un beau lever de soleil. » Notez les adjectifs employés par l'auteur: somptueux, beau, merveilleux, bonne. Ce n'est pas fini, voici la suite : « Quoi de plus pur, de plus gracieux, de plus émouvant, que l'éveil de la nature à la belle saison, alors que les oiseaux chantent leur hymne au soleil. » Dans ces quelques lignes introductives l'auteur du début du vingtième siècle fait un véritable éloge de la pêche, qu'il considère comme un  « sport délicieux et reposant entre tous ».

Il nous explique la raison de l'écriture de ce manuel de pêche et ceci se trouve dans le chapitre intitulé : Les travaux pratiques du pêcheur. « J'ai horreur de ces beaux ouvrages qui n'enseignent rien. Si j'écris un livre sur la pêche, je veux que le lecteur connaisse son sujet après l'avoir lu et qu'il n'ait plus à acquérir que l'expérience, ce qui ne s'enseigne pas. » Ce chapitre est essentiellement voué à la façon dont il faut ligaturer des anneaux sur une canne en bambou afin de pêcher avec un moulinet. Pour terminer ce chapitre, Lanorville écrit : « J'ai voulu que ces débutants, sans autre guide que ce modeste ouvrage apprennent à faire tous les travaux qu'un pêcheur peut avoir à faire ». Je rejoins les propos de cet auteur car si une personne achète un livre sur la pêche comme un guide, un traité ou un manuel, il est nécessaire qu'il contienne de quoi contenter notre novice.

Dans son désir d'être le plus proche des pêcheurs débutants, l'auteur écrit d'autres chapitres comme : «Les différents genres de pêche à la ligne » et « Pêche particulière de chaque poisson». Au début de chacun d'entre eux voici ce qu'il écrit : « La pêche au coup est assurément la plus répandue de toutes les pêches. C'est elle que les débutants pratiquent d'instinct lorsqu'ils commencent à se livrer à ce sport si plein de charme. » Cela confirme les propos : la base de la pêche c'est la pêche au coup, c'est à dire la forme la plus simple de notre loisir mais qui possède si l'on s'investit un peu de nombreuses subtilités. Dans le chapitre suivant, il revient sur son envie d'enseigner la pêche à ses lecteurs, un peu comme le professeur enseigne le français, les mathématiques, l'histoire ou d'autres matières à ses élèves. Ici, Lanorville s'improvise enseignant et nous sommes les élèves débutants soucieux d'apprendre au mieux les théories de la pêche à la ligne qu'il nous tarde d'appliquer ensuite.

Dans le chapitre suivant, il donne des conseils sur la façon dont on doit pêcher chacune des espèces « il ne faudra ni vous étonner ni m'en vouloir, si vous ne réussissez pas toujours en les suivant. A la pêche, ce n'est pas comme à la baraque où à tous les coups on gagne. La pêche des petits poissons comme l'ablette, le vairon et le goujon convient particulièrement aux dames, aux débutants et aux enfants. » On peut sous-entendre dans cette phrase que la femme est... un enfant et qu'elle ne possède pas les qualités nécessaires pour prendre de gros poissons. Rappelons que nous sommes en 1908 et que les femmes n'ont pas le droit de vote (il faudra attendre le 10 avril 1944), elles sont considérées comme des enfants, devant rester à la maison et s'occuper des tâches ménagères, n'ont pas le droit d'ouvrir un compte en banque... On peut toutefois remarquer que l'auteur évoque rapidement la gente féminine, ce que ne font que très peu les auteurs des ouvrages actuels. Pourtant certaines sont bien meilleures mais elles font rarement parler d'elles. Cet ouvrage est, comme la plupart les bouquins du dix-neuvième et du début du vingtième siècle, fort intéressant par les propos qui sont tenus. On peut, en effet, voir comment évolue la société tout comme les techniques de pêche et les façons de penser des pêcheurs.

La pêche pour les débutants dans la littérature récente       

Il y a quelques années, au détour d'un rayon, je tombais sur : Allons à la pêche ! Manuel de l'apprenti pêcheur en eau douce et en mer 8/12 ans. Comme son titre l'indique, c'est un livre destiné aux jeunes générations qui souhaitent pratiquer notre loisir. Écrit par Michel Luchesi (auteurs d'autres livres sur la pêche) et richement illustré par Océane Meklemberg. C'est la deuxième fois que je vois des livres destinés aux enfants. J'avais déjà feuilleté celui de Philippe Dours : Petit manuel de pêche à l'usage des enfants (7/12 ans) et La pêche en eau douce de Michel Roussillat.

Revenons à Allons à la pêche ! Après un sommaire alléchant voici ce qui est écrit « Grâce à ce livre tu vas découvrir comment attraper des poissons aussi bien en eau douce qu'en eau de mer. Les différentes techniques de pêche peuvent être classées en plusieurs catégories. » Les catégories sont ensuite énumérées et rapidement évoquées parmi elles il s'agit des plus simples : La pêche au coup, la pêche au toc, la pêche au lancer et la pêche à la mouche. Après les conseils d'usage sur la tenue, la canne à choisir et les différents noeuds en fonction de la pêche choisie, l'auteur fait un bref rappel sur la pêche à la ligne : « Au contact de la nature, l'homme s'émerveille. En pratiquant la pêche, il découvre un monde mystérieux et fascinant qui l'entraîne dans une autre dimension, de l'autre côté du miroir de l'eau ». Après avoir donné un rapide rappel historique, l'auteur évoque les bonnes pratiques et la conduite à tenir au bord de l'eau sachant que la pêche n'est pas sans danger. Passons aux différents « terrains de jeux », expression bien choisie pour toucher les jeunes. C'est là que l'on retrouve les rivières, ruisseaux et autres lacs. Chacun est illustrés et commenté en expliquant quelles sont les espèces les plus fréquentes. La carte d'identité de chaque poisson avec son dessin et quelques commentaires aide les plus jeunes à mieux les appréhender.

Dans les différentes techniques de pêche on retrouve un peu de Lanorville en ce qui concerne la pêche au coup «Rien de tel qu'une canne au coup pour pêcher les petits poissons comme l'ablette, le goujon ou le gardon. » Bien entendu l'équipement préconisé est aussi simple que celui que nous avons évoqué dans les premières lignes. D'autres pêches sont évoquées comme la pêche de la carpe, la pêche au toc ou à la mouche et même l'utilisation d'un écho sondeur du bord ou en bateau.

Je passe sur toutes ces techniques que l'on connaît à peu près pour mettre en avant l'une de celles que l'on voit de moins en moins dans les livres de pêche ou dans les magazines ces derniers temps, c'est le street fishing. Cette pratique qui consiste à pêcher en centre-ville, dans les canaux et autres rivières, ces espaces délaissés par les autres pêcheurs fut un temps à la mode en particulier dans les années 2000. Selon l'auteur, c'est « une tendance qui pousse les citadins, notamment les jeunes à taquiner les poissons en milieu urbain. Ils pratiquent la pêche aux leurres... » En ce qui concerne la philosophie « Elle est en un mot : se faire plaisir, créer une communauté autour d'une même passion, pratiquer une pêche sportive en respectant les poissons.[...] Ce sont des adeptes du no-kill. En revanche, ils ne manquent jamais une occasion de photographier leurs trophées » D'ailleurs le dessin qui illustre cette double page est un selfie d'une jeune fille tenant un poisson. On voit que la place faite aux filles et aux femmes dans la pêche a évolué. Après l'eau douce, il s'agit de l'eau de mer, partie dans laquelle on retrouve le même concept.

Ce petit livre de 95 pages est un véritable bain de jouvence pour celui qui veut se pencher sur la pêche, bien que le livre soit réservé aux enfants. Je vous conseille de l'offrir à vos enfants ou à ceux qui veulent débuter à la recherche d'une activité paisible et passionnante.

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