Les espèces animales nuisibles et invasives de nos rivières, lacs et étangs

Deux espèces indésirables © Olivier Lalouf / Patrice Boileau

Certaines espèces animales sont classées nuisibles ou invasives. Sachez-les identifier, connaître la réglementation particulière et leurs conséquences sur les écosystèmes aquatiques.

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Quelles différences entre espèces nuisibles et invasives ? 

Les espèces invasives peuvent causer des problèmes pour certains écosystèmes aquatiques, mais ils ne sont pas encore classés nuisibles ce qui veut dire qu'ils sont susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques dans les eaux. 

Pour les deux cas, une réglementation particulière a été mise en place. 

En effet, il est interdit de les transporter vivants, de les vendre, de les introduire dans un autre milieu, de les relâcher après leur capture, de les utiliser comme vifs ou mort pour la pêche. 

D'autres espèces sont aussi classées comme espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques, c'est le cas de certaines écrevisses. 

Les espèces nuisibles 

À ce jour, seulement deux poissons sont classés nuisibles, le poisson-chat et la perche soleil ainsi que certaines écrevisses. 

Originaire d'Amérique du Nord, le poisson-chat appartient au groupe des siluriformes tout comme le silure qui est le plus gros poisson d'eau douce, non-nuisible, j'insiste bien, n'en déplaise à certains "pêcheurs". Le poisson-chat s'est répandu dans nos rivières après s'être échappé du Muséum d'histoire naturelle de Paris en 1871. Ce glouton de 20 à 30 cm de centimètres est reconnaissable à ses barbillons et à ses piquants sur les nageoires dorsale et pectorales. L'espèce présente aussi la particularité de s'acclimater en toutes circonstances. Le poisson-chat est capable de se reproduire jusqu'à quatre fois par an. À savoir qu'il est considéré comme un roi en Italie où des concours spéciaux lui sont attribuer.

La perche soleil provient elle aussi d'Amérique du Nord, elle colonise nos rivières et étangs où elle migre librement. Poisson grégaire, elle se caractérise par une grande agressivité, sautant littéralement sur tout ce qui bouge, larve, ver ou leurre. C'est un petit poisson pourtant magnifique, avec ses couleurs vives, vertes et bleutées sur le dos et un ventre plus orangé. 

Dans les deux cas, rien ne vous interdit de les pêcher, au contraire, leur pêche est très amusante pour les enfants. 

L'écrevisse signal, l'écrevisse de Louisiane, l'écrevisse américaine et l'écrevisse à pattes grêles sont aussi considérées comme nuisibles, car véhiculant la peste des écrevisses qui a décimé les populations autochtones.

 

Ecrevisse signal
Écrevisse signal

Les espèces invasives 

Centaines espèces telles que les gobies et le pseudorasbora peuvent représenter un problème pour certains de nos écosystèmes aquatiques, mais ils ne sont pas (ou pas encore) classés au titre d'espèces nuisibles. 

Le pseudorasbora parva une espèce invasive et pathogène. Aussi appelé goujon asiatique, c'est un petit poisson blanc dont la taille dépasse rarement les 12 cm. Il grandit très rapidement, il est opportuniste et se retrouve dans des milieux très variés. On le reconnaît facilement grâce à sa bouche vers le haut, la bande noire le long de ses flancs et ses reflets violets. 

Le goujon asiatique transporte un parasite unicellulaire s'appelant l'agent rosette, un parasite mi-animal mi-champignon. Chez ce poisson, le parasite n'a pas d'impact. En revanche, chez d'autres espèces, le parasite va propager une mycose interne et causer des dommages pouvant aller jusqu'à la mort du poisson atteint. Il est susceptible de contaminer un large panel de poissons comme l'able de Heckel, la carpe, le gardon et la brème, mais aussi le saumon atlantique et la truite commune. 

Le pseudorasbora
Le pseudorasbora

Le gobie est un petit poisson qu'on trouve généralement en zone littorale. Trois de ces variétés originaires de l'Est commencent à poser de sérieux problèmes. C'est un poisson à grosse tête et aux yeux exorbités que l'on retrouve sur les enrochements. Les gobies sont capables de passer de l'eau douce à l'eau salée. Localement, ils peuvent remonter assez loin en eau douce. 

Ceux qui commencent à gravement poser problème sont le gobie à tache noire (Néogobius mélanostomus), le gobie de Kessler (Néogobius kessleri) et dans une moindre mesure le gobie demi-lune (Proterorhinus semilunaris). 

Les gobies mesurent de 10 à 20 cm, ils se nourrissent de petits invertébrés aquatiques, mais aussi d'œufs de poisson. Si ils sont nombreux sur un secteur, ce qui est le cas dans l'Est de la France, ils dévorent toutes les frayes des autres poissons. Ils ne disposent pas de vessie natatoire et on ne le rencontre jamais en pleine eau, mais sur le fond où ils progressent par bonds. 

Certains mammifères aquatiques aussi

Le ragondin et le rat musqué sont deux espèces invasives et porteuses de la leptospirose.

Le ragondin est un gros rongeur à l'apparence similaire au rat musqué, reconnaissable à ses quatre grandes incisives orange. Il pèse en moyenne 7 kg et son pelage est brun, son corps est terminé par une longue queue similaire à celle du rat.

Il affectionne l'eau douce ou saumâtre et creuse des terriers de 6 à 7 mètres le long des berges. Dans certaines régions à très forte densité d'individus évoluant dans un vaste réseau de fossés et canaux, les terriers des ragondins effondrent les berges.

De par son caractère invasif, le ragondin est une espèce inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union européenne, en application du règlement européen n°1143/2014. Il est également une espèce interdite d'introduction dans le milieu naturel sur le territoire métropolitain par arrêté du 30 juillet 2010.

Un joli ragondin
Un joli ragondin

Le rat musqué (Ondatra zibethicus) est un rongeur qui est parfois appelé rat d'Amérique puisqu'il vient du nord de ce continent d'où les Européens l'ont convoité pour sa fourrure, au début du XXe siècle. Progressivement, il s'est retrouvé dans la nature autour des rivières, faisant des dégâts importants sur les berges et dans les cultures agricoles. Attention, il ne doit pas être confondu avec le ragondin.

Il pèse 1,5 kg en moyenne et mesure autour de 35 cm de long sans la queue. Il est recouvert d'une fourrure foncée marron noirâtre composée de poils brillants et drus, sous laquelle se cache un duvet fin lui permettant de se protéger efficacement du froid. Ses poils du ventre sont plus clairs tirant davantage sur le marron grisâtre.

Avec ses galeries de terriers qui fragilisent les terrains, il cause des dégâts importants sur les digues et tous les aménagements hydrauliques qui se trouvent autour des fossés et des cours d'eau, y compris lorsqu'il s'agit de lagunage naturel. 
De ce fait, les racines des arbres sont également atteintes, tout comme les roselières qu'il saccage pour se nourrir et construire ses huttes. 

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