Pêche de la carpe : approches et techniques sur les lieux oubliés

Une telle approche permet d’aller au plus près des poissons © Frank PIZON

Les lieux oubliés permettent de vivre notre passion de pêcheurs de carpes différemment. L'aspect quasi philosophique qui pousse certains d'entre nous vers ces berceaux délaissés va nous forcer à adapter nos approches et nos techniques pour en tirer le meilleur.

Se fier à son instinct

J'utilise plusieurs approches pour aborder ces lieux oubliés. Elles sont en rapport avec les lieux que je pratique. Le plaisir et l'excitation d'avoir décelé un lieu quasi inexploité et mystérieux laisse place très rapidement à la recherche de la bonne approche. Pour ces lieux, il ne faut pas compter sur d'éventuels informations recueillies ici et là puisque le lieu est quasi déserté. Il faut donc se fier à son instinct et à son expérience pour choisir son poste et pour mettre en place une stratégie adaptée afin d'obtenir le plus de renseignements en action de pêche. Cette dernière nous en apprendra c'est certain, mais l'observation aussi.

Une certaine quiétude à laquelle nous aussi pêcheurs nous aspirons, ces lieux oubliés en sont le temple
Une certaine quiétude à laquelle nous aussi pêcheurs nous aspirons, ces lieux oubliés en sont le temple

Toute l'importance de l'observation

Ne l'oubliez surtout pas. Même si cette remarque paraît banale je constate trop souvent que l'observation est négligée. Pour ma part, elle me prend beaucoup de temps et est fondatrice de la mise en place de mon approche (surtout quand elle m'a apporté quelques informations précieuses…). Elle est accompagnée d'une prospection pour sonder au mieux les lieux pêchés afin de découvrir la topographie.

L'avantage du bateau

Comme je le disais précédemment les lieux oubliés sont souvent inaccessibles et hostiles. La pêche du bord y est souvent peu pratiquée voire impossible (souvent le cas pour moi). En proie à la végétation diverse et variée, l'arme ultime devient le bateau. Il est pour ma part un véritable atout pour mettre en place ma stratégie. Il me permet d'accéder à n'importe quelle zone qui serait inexploitable du bord. C'est en gros mon troisième œil, mon troisième bras et surtout ma troisième jambe pour me rendre au plus près des poissons. J'utilise toujours un petit pneumatique de 2m70 pour installer tout mon attirail, et un autre d'1m80 pour prospecter, combattre et amorcer.

Une telle approche permet d'aller au plus près des poissons sur des lieux peu ou plus fréquentés, là où la pêche du bord demeure impossible ou limitée
Une telle approche permet d'aller au plus près des poissons sur des lieux peu ou plus fréquentés, là où la pêche du bord demeure impossible ou limitée

Rester mobile

De cette manière, je suis capable de bouger dès la moindre nécessité. J'aborde toujours la pêche de cette manière, ou du moins pour les premières prises de contact. De cette façon, je pêche les spots dit naturels comme les obstacles, pierres, bords… Et j'amorce pendant quelques temps une zone estimée intéressante sans la pêcher au départ. Cette zone peut être éloignée des spots naturels puisque la mobilité n'est pas un souci avec l'embarcation. Au bout de quelques jours et si les résultats ne sont pas au rendez-vous, je pars m'accoster tout près de la zone amorcée afin de tenter ma chance. Côté amorçage, pour les spots dit naturels, je fais souvent le pari de stimuler les poissons de passage ou présents.

Des poissons dont l'éclat n'a d'égal que le côté atypique de ces lieux devenus insolites
Des poissons dont l'éclat n'a d'égal que le côté atypique de ces lieux devenus insolites

De simples petites quantités d'appâts entourent alors l'esche piégée. En revanche, pour la zone amorcée sur quelques jours je souhaite dresser la table pour accoutumer les poissons en quête de nourriture. Le but étant de les mettre en confiance. Des appâts de qualité (Starbaits performance concept, probiotic…) sont dans ce cas une nécessité pour ne pas détourner les poissons de l'amorçage. Un à deux kg de nourriture par jour me semble être un bon compromis pour se rendre compte du potentiel éventuel. L'adaptation de la quantité se fait ensuite en rapport avec les résultats et autres phénomènes constatés comme la présence d'indésirables…

Côté technique je pars avec tous types de montage afin d'en essayer le maximum et de proposer différentes présentations. J'essaie dans la mesure du possible de m'empêcher d'avoir des aprioris découlant souvent d'autres lieux. Là encore après quelques touches (si tout va bien), un choix plus restreint sera effectué.

Parfois du bord, mais rarement sans bateau !

Du bord quand cela est possible, j'exerce une pêche opportuniste en étant très mobile. Autant dire qu'un soupçon de légèreté doit être de mise pour pouvoir exercer une telle approche et surtout pour que la pêche ne se transforme pas en véritable galère vous l'aurez compris. De toute façon, sur ces lieux hostiles il ne faut pas compter avoir beaucoup de place.

Armé de mes cannes Starbaits Freeway 7,5 ou 10 pieds, rangées dans mon Cam Concept Freeway Carry Bag et d'un abri léger comme mon FR1, je suis totalement équipé pour me fondre dans la nature. Me concernant, cette approche est réalisée pour des pêches de 24h maximum. A noter que mon bateau d'1m80 est souvent de la partie. Trop lourd ou encombrant me direz-vous. Non ! Avec une bonne organisation, je grimpe dedans avec tout le matériel.

Logistique repensée mais surtout allégée
Logistique repensée, mais surtout allégée

Prudence et discrétion

Mais attention, il faut être prudent et le faire si le lieu s'y prête et quand les conditions climatiques ne sont pas déchaînées. Pensez bien entendu au gilet de sauvetage ou de flottaison.

La sécurité avant tout
La sécurité avant tout

Certains sont plutôt discrets. Généralement sur les lieux que je pratique, je n'utilise pas plus de deux cannes. Là encore dans un souci de rapidité et de mobilité. Une fois sur le poste et après avoir sondé et prospecté à minima je n'utilise plus le bateau, sauf cas de force majeur (poisson bloqué…). Je favorise ainsi les spots de bordure et à courtes distances.

Il faut donc être d'une discrétion sans pareil pour ne pas faire fuir quelques poissons présents. Ce style de pêche n'excédant pas 24h j'adore pêcher un spot la nuit et un autre le jour. Un amorçage au préalable est souvent effectué. La zone amorcée est toujours celle que je vais pêcher en dernier (zone de jour ou de nuit). Le but étant de mettre en confiance les poissons. Si cela n'est pas possible, je joue la carte de la stimulation. Pour les pêches de jour, il n'est pas rare que je tente une pêche de surface qui procure des sensations sans pareil.

La pêche de surface ou en stalking peut être très intéressante même du bateau
La pêche de surface ou en stalking peut être très intéressante même du bateau

Le respect du poisson et de la nature

Ces lieux oubliés sont des terrains de jeu parfaits pour ce type de pêche.

Parfois le graal nous attend sur ces lieux oubliés
Parfois le graal nous attend sur ces lieux oubliés

Le pur plaisir est d'être en adéquation avec soi-même en fonction de nos attentes, nos envies… Inutile de se mentir. Une citation dit : « L'essentiel est d'être ce que nous fit la nature, on est toujours que trop ce que les hommes veulent que l'on soit ». Alors profitez au mieux de cette passion que nous partageons et surtout vivez la comme vous le souhaitez. Aucune manière de l'aborder n'est plus honorable ou gratifiante qu'une autre. L'essentiel restant le respect du poisson, de la nature… Et le plaisir que votre type de pêche vous procure.

J'espère simplement par ces quelques lignes vous avoir donné l'envie de pratiquer notre pêche dans des endroits où un sentiment de virginité règne encore et où il faut entreprendre de nouvelles (ou anciennes d'ailleurs) approches. Redonnez de la grandeur à ces lieux oubliés. Et que la nostalgie du passé laisse place à l'action !

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