Lamproie marine menacée d'extinction en France : le silure ce coupable idéal

La lamproie marine fait partie des espèces de poissons grands migrateurs menacées d'extinction en France. Face à ce constat alarmant, le Comité de Gestion des Poissons Migrateurs a élaboré un plan de gestion visant à sauvegarder l'espèce sur le bassin de la Garonne. Vous avez dit sauvegarde ?

Cycle de vie de la lamproie marine

La lamproie marine (Petromyzon marinus) est l'une des trois espèces de lamproie que l'on retrouve en France avec la lamproie de rivière (Lempreta fluviatilis) et la lamproie de Planer (Lempreta planeri). La lamproie marine est un poisson grand migrateur qualifié d'anadrome, c'est-à-dire que ce poisson vit en mer et vient se reproduire en rivière, et sémelpare puisqu'après la reproduction, les adultes meurent. Deux caractéristiques que la lamproie marine partage avec d'autres espèces de poissons migrateurs comme la lamproie de rivière, la grande alose ou le saumon atlantique.

Plan de sauvegarde

Depuis le mois de juillet 2019, la lamproie marine est officiellement déclarée comme espèce en danger d'extinction. Un plan de gestion établi par le COGEPOMI (Comité de gestion des Poissons Migrateurs) Garonne-Dordogne-Charente-Seudre-Leyre, destiné à être mis en place sur le bassin de la Garonne et visant à « sauver » cette espèce est mis en consultation publique jusqu'au mardi 5 janvier prochain minuit. L'occasion pour chacun de donner son avis.

Ce plan s'articule en 3 points :

  • réguler la présence des silures exerçant une prédation très forte sur les lamproies sur les secteurs à enjeux
  • transférer des lamproies marines depuis les sites de capture professionnelle vers des secteurs de frayère épargnés par les silures
  • réduire la pression de pêche des professionnels et des amateurs aux engins et filet

Décryptage de ce plan de sauvegarde

Malgré la destruction des habitats, la pollution, les barrages, la surpêche qui sont les principaux facteurs de chute drastique des populations de poissons migrateurs, c'est encore une fois le silure qui est pointé du doigt. A titre d'exemple et de comparaison, en 2020 les remontées de lamproies marines n'ont jamais été aussi importantes sur la Loire depuis 15 ans. Il est donc bel et bien possible d'avoir de grosses remontées de lamproies malgré la présence de silures.

Aussi, la réduction de la pression de pêche par les professionnels et les amateurs aux engins et filet prévue par ce plan de gestion se traduit par la limitation de la pêche de la lamproie marine du 1er janvier au 30 avril. Habituellement autorisés à la pêcher toute l'année, cette limitation dans le temps ne sert à rien puisqu'elle correspond précisément à la période durant laquelle s'effectue l'essentiel de la montaison de lamproies marines qui a lieu entre février et avril. De surcroît, aucun quota de prélèvement n'a été mis en place.

Au-delà de cela, et de la même manière que l'arrêté visant à encadrer la pêche professionnelle de la civelle pour la campagne 2020-2021, il semble tout à fait paradoxal de permettre un quelconque prélèvement par les pêcheurs professionnels et amateurs d'un être vivant menacé officiellement d'extinction. Il semblerait bien plus pertinent de permettre le prélèvement lorsque le stock de lamproie marine sera suffisant pour assurer la pérennité de l'espèce.

Vous pouvez retrouver le lien de ce projet en consultation publique ICI

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