Fish & Curious / Anne-Cécile Monnier, photographe subaquatique : « Sur terre ou sous l'eau ? »

© Stéphane Granzotto

Fish & Curious #9 - Anne-Cécile Monnier pêche nettement moins qu'elle étudie, photographie et filme les poissons. Néanmoins, ce n'était pas un motif suffisant pour échapper au Fish & Curious dont voici le joyeux  9ème opus !

Sur terre ou sous l'eau ?

Anne-Cécile Monnier – Sous l'eau, bien entendu ! Pour ce sentiment d'apesanteur, de liberté, de divagation… et je conseille à tout pêcheur de tenter l'expérience.

Appareil photo ou caméra ? 

Anne-Cécile Monnier – Ce sont deux domaines très distincts. Je choisirai tout de même la photo parce que j'aime figer l'instant, partager une interaction, où le spectateur peut contempler à son aise et tout le temps qu'il le souhaite l'ambiance que j'ai voulu immortaliser. Je peins également et il y a dans la photo cette notion de « tableau », de composition avec les couleurs. La vidéo permet de retranscrire peut-être plus fidèlement le moment capturé, mais je trouve que c'est plus éphémère, bien que tout aussi passionnant.

Bloc ou tuba ?

Anne-Cécile Monnier – Tuba, pour la liberté que cela permet sous l'eau. Mais je me suis récemment essayée à la plongée en recycleur (circuit fermé à l'aide de bouteilles d'oxygène et d'air, qui permet de rester plusieurs heures en profondeur et sans faire de bulles) et c'est une technique très complémentaire de l'apnée, que je compte bien poursuivre lors des prochaines saisons.

Eau close ou rivière ?

Anne-Cécile Monnier – Rivière. J'aime le courant, j'aime me laisser dévaler, observer les poissons le remonter, et sentir l'écoulement de l'eau.

Immersion en snorkeling.
Immersion en snorkeling.

Quelle est ta saison préférée ?

Anne-Cécile Monnier – Le printemps car tout se réveille et l'eau est plutôt claire. L'été c'est aussi intéressant mais souvent plus compliqué au niveau des conditions. Le niveau des cours d'eau est généralement moins haut, le développement algal peut être important. Et à l'automne, s'il n'y a pas eu de pluie pendant l'été, c'est encore plus compliqué pour avoir de belles ambiances.

Quel est le moment de la journée le plus approprié pour faire de l'image ?

Anne-Cécile Monnier – Sous l'eau ? Contrairement à la photo sur terre, lorsque le soleil est au zénith ! Le soleil donne toutes ses couleurs à la vie aquatique.

Quelle espèce d'eau douce affectionnes-tu plus particulièrement ?

Anne-Cécile Monnier – Sans surprise, le brochet ! (rires) Tout d'abord parce qu'on aime ce que l'on connaît et que j'ai vécu beaucoup d'interactions avec cette espèce durant ces dernières années. Beaucoup de souvenirs de belles rencontres avec ce prédateur des eaux douces dont  j'ai eu la chance de filmer toutes les phases de son cycle de vie. C'est un poisson qui se cherche !

Brochet. © Anne-Cécile Monnier
Brochet. © Anne-Cécile Monnier

Quel est ton meilleur souvenir de plongée en eau douce ?

Anne-Cécile Monnier – Ma rencontre avec les ombres. J'en parle souvent. Deux jours d'immersion dans la rivière Moselle dans une eau très froide à la sortie de l'hiver  à la recherche des ombres, une espèce que je connaissais mal à l'époque. Je n'arrivais pas à les approcher au début, les poissons se sauvaient. Autant le brochet « se cherche », autant les salmonidés s'observent à l'affût. Je me suis alors posée. J'ai trouvé le bon courant, la bonne veine d'eau, la bonne profondeur, la bonne position. J'ai attendu et les poissons sont venus. 6 ombres sont restés quelques 30 minutes avec moi, j'en ai presque pleuré à travers mon masque tellement c'était beau ! (rires)

Ombre de la Moselle. © Anne-Cécile Monnier
Ombre de la Moselle. © Anne-Cécile Monnier

Ta mésaventure la plus drôle ?

Anne-Cécile Monnier – Ce n'est pas vraiment une mésaventure mais c'est plutôt drôle. J'étais dans l'Ornain, une rivière de Lorraine bien connue des pêcheurs à la mouche. J'essayais de capturer en photo une petite truitelle qui se camouflait au milieu d'un banc de vairons. Ça me prenait un temps fou. Je ne bougeais pas pendant de très longues minutes. J'étais allongée dans 30 cm d'eau. Il n'y avait personne autour de moi et d'un coup j'entends, comme ça « Mais… il est mort ?! ». Je me retourne tout doucement, juste un petit coup de masque sur le côté pour voir de quoi il s'agissait, et là je vois un pêcheur à la mouche debout sur la berge avec un garde de pêche à ses côtés en train de le contrôler. Le pêcheur répond alors au garde : « Non non, il a bougé il y a 15 minutes. » (rires) D'un côté j'étais plutôt rassurée que grâce à ma combinaison et ma cagoule, on me prenne pour un homme dans cet endroit reculé, et d'un autre ils ne sont pas venus me parler donc j'ai fait comme si je n'avais rien entendu et j'ai continué à faire mes images, car il ne fallait pas louper l'apparition de cette fameuse truitelle !

Merci Anne-Cécile !

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