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Qu'est-ce qu'une grosse perche ?
Dans le vaste univers de la pêche des carnassiers au leurre, la traque des perches tient une place à part entière. Ce percidé très présent dans nos eaux était avec le brochet, le deuxième carnassier d'eau douce, avant que n'arrivent dans l'hexagone le sandre, le black-bass, le silure ou encore l'aspe.
Avant de poser les bases pour optimiser la pêche des belles perches, il convient à mon sens d'étudier le poisson que l'on va cibler.
En France, on considère qu'une perche est un gros poisson lorsqu'elle atteint ou dépasse les 40 cm.
Dans d'autres pays d'Europe, comme les Pays-Bas, la Belgique, la Suède ou l'Allemagne, une grosse perche est un poisson de 45 cm voire 50 cm.
Les perches ont une croissance plutôt lente. La première année, dans les milieux riches, une perche peut grandir de 10 cm. Ensuite, suivant le volume d'eau et la nourriture en présence, la perche peut grandir de seulement 2 à 4 cm par an !
Une perche de 35 cm en France a en moyenne 8 ans. Une perche de plus de 40 cm aura la plupart du temps plus de 10 ans !
Pour traquer les grosses perches, il faudra donc se focaliser sur les milieux riches qui favorisent une croissance assez rapide, et surtout les milieux assez volumineux.
Les grands lacs, gravières et fleuves sont des zones favorables pour tenter de capturer une perche record.
Car la perche, quand elle est trop présente dans un milieux se retrouve confronter au phénomène de nanisme. La trop grosse densité de ce percidé dans un plan d'eau fermé fait qu'il ne grandit plus ou extrêmement lentement.
Si les petites perches sont des chasseurs voraces et opportunistes, se jetant sur tout ce qui bouge, les grosses perches sont plus sélectives et plus lunatiques.
Les grosses perches sont solitaires ou en banc de quelques individus. Elles évoluent sur des zones stratégiques, apportant confort et nourriture en abondance. Toutes les structures retiennent des perches et particulièrement les gros poissons.
Le relief, les arbres morts, racines, ruines immergées, piles de ponts, quais et ouvrages d'art, sont les zones à prospecter en priorité pour traquer les perches.
Mais comment procéder ? En ratissant large ou en insistant finement ?
Power fishing
Le power fishing, (que l'on pourrait traduire par « pêche de prospection ») est une stratégie de pêche, voire un concept, qui consiste à peigner le plus de volume d'eau avec un leurre très présent pour attraper les poissons actifs.
C'est une stratégie de pêche établie aux Etats-Unis sur les compétitions de pêche du black-bass. Les leurres de base de cette stratégie sont les spinnerbaits, crankbaits, chatterbaits ou encore les gros leurres souples…
Ils ont la caractéristique d'être très présents dans l'eau et incitatifs. Ils émettent de nombreux stimuli vibratoires, sonores et brassent un grand volume d'eau.
Ils sont redoutables sur les grandes étendues d'eau, lorsqu'il faut repérer des zones où se trouvent des poissons actifs et en chasse, réceptifs à ces forts signaux.
On remarquera d'ailleurs que nombre de gros spécimens de perches sont capturés alors que le pêcheur ciblait les brochets avec un gros, voire très gros leurre.
On se rend d'ailleurs compte que les grosses perches sont des prédateurs du haut de la pyramide alimentaire qui ne craignent plus grand monde. La réaction des perches par rapport à ces leurres est souvent agressive et non alimentaire, en vue de se débarrasser d'un intrus sur le territoire.
Je réserve cette approche powerfishing lorsque je pêche la perche en bateau, en kayak ou en float tube.
Je ne pêche alors pas seulement les berges, le nombre de postes propices pouvant tenir du poisson sont nombreux. Qui plus est, la dérive du bateau rythme facilement la cadence de prospection.
Je n'insiste pas longtemps et préfère balayer un maximum de poste, que ce soit ceux que je repère en surface (arbres morts, plies de pont…) ou au fond à l'aide d'un sondeur.
Qui plus est, si le secteur tient du brochet, du black-bass ou du silure, je n'hésiterais pas à pêcher relativement gros pour toucher un maximum d'espèces de poisson en plus des grosses perches.
J'utilise un ensemble casting qui permet de minimiser la fatigue et qui est plus adapté aux pêches de prospection. Une canne de 2,10 m assez parabolique supportant de lancer des leurres de 40 grammes est idéale. Cet ensemble relativement puissant permet de faire face aux gros poissons suprise, mais surtout de lancer et travailler des leurres lourds et vibrants avec un maximum de confort. Le moulinet casting (tambour tournant) doit avoir un ratio modéré voire bas, pour privilégier le couple (la force) par rapport à la vitesse, notamment lors de la récupération du leurre qui tire dans la ligne, comme les spinnerbaits ou les crankbaits à grande bavette.
A contrario, les grosses perches, qui sont souvent de vieux poissons, peuvent se montrer extrêmement difficiles à leurrer. Dans ce cas, l'approche est opposée.
Les pêches finesses
Comme son nom l'indique, les pêches finesses regroupent un ensemble de leurres et d'approches fines pour duper les poissons éduqués.
La traque des grosses perches avec une approche "finesse" est clairement apparue avec le streetfishing. Les leurres issus de la pêche du black-bass, la philosophie du downsizing ou encore l'avènement du rockfishing ont permis aux plus visionnaires de piocher dans ces univers pour traquer la perche. D'ailleurs, cette philosophie de pêche est plutôt japonaise et non plus américaine.
La traque des perches est d'ailleurs montée d'un cran techniquement à ce moment-là, il y a plus de 10 ans maintenant. Les techniques comme le dropshot, split shot ou encore les micro jigs et leurres finesses (leurre souple à queue fine, sans appendice vibratoire) permettent de duper les prédateurs éduqués et très sollicités comme les grosses perches.
Le matériel évolué permet d'affiner les montages, d'avoir le maximum de sensibilité et de pêcher de manière chirurgicale, sur des ensembles light à ultra light les grosses perches.
Que ce soit pour les balles, les lests drop shot, splitshot ou les têtes plombées, les lests en tungstène et non plus en plomb, permettent de mieux sentir la nature du fond. Le tungstène est plus dur que le plomb et transmet donc mieux les ondes lorsqu'il entre en contact avec le fond ou avec un obstacle. Il est plus résonnant. Il est aussi plus dense que le plomb. C'est-à-dire qu'à volume équivalent, le tungstène sera plus lourd que le plomb. Idéal pour avoir un lest discret et un montage compact et propre.
Les tresses fines ou encore le fluorocarbone performant permettent aussi d'affiner ses montages et de rendre plus naturelles les présentations. Les cannes à scion plein (rockfishing), permettent d'animer au millimètre des micro-leurres, mais aussi de transmettre la moindre information au pêcheur.
Je reviens sur l'approche « downsizing » qui est à mon sens au centre de la pêche dite « finesse ». Le downsizing, littéralement « baisse de la taille du leurre » consiste donc à réduire et alléger sa présentation. Les leurres employés ont une taille souvent comprise entre 2 et 3 pouces, soit 5 à 8 cm. Cela part du constat que les gros poissons très sollicités et éduqués vont être impactés par la présence des pêcheurs.
Les poissons adaptent alors leurs comportements alimentaires et de défense du territoire pour être moins vulnérables aux assauts des pêcheurs. Ils ne répondent ainsi plus aux stimuli et signaux trop vibratoires ou puissants. Ou du moins, ils y répondent négativement. Ces signaux trop puissants sont synonymes de danger et de pêcheur…
Pour tenter de duper ces poissons, il faudra donc présenter le leurre de la manière la plus naturelle qui soit. On baisse alors la taille du leurre pour limiter les déplacements de trop grand volume d'eau. Les appendices vibratoires sont réduits voire supprimés. Les coloris sont naturels et imitatifs.
Par le fait que ces leurres sont assez peu présents, il convient donc d'insister sur les postes propices en pêchant lentement, de manière à laisser le temps à une grosse perche embusquée de repérer votre leurre.
J'utilise très largement ces approches finesses en streetfishing, du bord et notamment en compétition.
J'emploie une canne spinning à scion plein de 2 à 2,20 m, de puissance ML (medium Light) à UL (Ultra light, « ultra léger »). Je monte un moulinet spinning (tambour fixe) de taille 1000 à 2500 avec une tresse fine en PE 0.3 à PE 0.8 (soit entre 8 et 14/100).
Je privilégie l'emploie de ratio modéré voire de haut ratio, afin de garder le maximum de contact avec le leurre, qui tâtonne le fond en quasi-permanence.
Je termine la ligne avec un bas de ligne en fluorocarbone de 16 à 24/100, suivant l'encombrement des postes et la taille des poissons en présence. Le fluorocarbone présente plusieurs avantages par rapport au nylon pour la traque fine des grosses perches.
Il est moins élastique et donc permet de maximiser la transmission d'information dans la ligne. Il est également plus discret car son indice de réfraction et très proche de celui de l'eau et enfin, il est plus résistant à l'abrasion, ce qui permet d'être plus serein quand on insiste dans les embâcles et zones encombrées où se trouvent les grosses perches. Cependant, il est légèrement moins résistant à la traction que le nylon à diamètre égal.
Pour conclure, vous aurez compris que la traque des grosses perches est avant tout une question d'adaptation au milieu. Sur votre approche, du bord ou en bateau, une stratégie fonctionnera mieux que l'autre, sachant qu'elles sont quasiment opposées ! L'adaptation restera donc votre meilleure arme pour tenter de capturer un de ces majestueux percidés.
