Plusieurs espèces de mulets cohabitent sur nos côtes
En France nous avons trois espèces de mulet qui fréquentent aussi la plupart des lieux de vie du bar.
Les mulets se nourrissent de petites proies et/ou broutent les rochers, algues, et viennent sur les vasières pour manger de petits vers et des crustacés.
Les trois espèces qui nous intéressent sont le mulet doré (chelon auratus) facilement reconnaissable avec sa tâche jaune sur l'opercule, le mulet lippu ou à grosses lèvres (chelon labrosus), mais il est commun de rencontrer également le mulet à petites lèvres ou mulet porc (chelon ramada). Tous les trois peuvent prendre la mouche.

Les mulets sont des poissons grégaires qui se déplacent à la recherche de nourriture à la faveur des marées, que ce soit en mer (plage notamment), sur la côte ou en estuaire.
Ceux qui nous intéressent sont ceux qui viennent dans peu d'eau, souvent à la montante, mais aussi à la descendante sur certains spots. Car dans ce cas de figure, ils viennent vraiment s'alimenter et sont en concurrence alimentaire. Ces trois espèces de mulets peuvent se retrouver d'ailleurs sur les mêmes secteurs de pêche et il n'est pas facile de les identifier au début.
Le mulet a toujours été une espèce difficile à faire mordre et à capturer à la mouche pour la bonne raison que l'on ne sait pas trop ce qu'il mange, la taille de leurs proies et/ou trouver les mouches qui conviennent. Plusieurs spécialistes français (dont Franc Ripault), ou européens, y consacrent du temps. Et c'est une aubaine pour nous, car aujourd'hui avec internet, cela nous permet de bénéficier de conseils, et de mouches qui ont fait leur preuve.

Comment capturer ses premiers mulets ?
Je pense qu'il est plus facile de prendre des bars que des mulets, mais par contre le ratio mulet/bar est très nettement à la faveur du mulet.
C'est en tout cas le poisson que l'on voit le plus facilement et le plus communément lorsque l'on se balade en bord de mer ou en estuaire et même dans les villes où les eaux saumâtres remontent jusqu'en eau douce comme en Bretagne à Quimper, Vannes, Morlaix, Guingamp... Et c'est le cas dans toutes les villes côtières traversées par un estuaire.
Les mulets se pêchent de façons bien différentes en fonction qu'ils soient en eau salée ou en eau douce. Voici des techniques qui m'ont permis de prendre du mulet dans ces différents environnements.

Pêche en mer et estuaire :
Personnellement, j'ai rencontré une certaine réussite avec les mulets en les pêchant dans peu d'eau en estuaire, surtout à la marée montante car ils sont concentrés et se nourrissent frénétiquement. Les coefficients de 50 à 70 sont pour moi les plus intéressants. Ils montent tranquillement sur les vasières et cela nous donnent le temps de leur présenter nos mouches.
J'utilise quatre modèles de mouches avec lequel maintenant j'ai pris régulièrement des mulets. Il s'agit de modèles de Colin Mc Leod (en tout cas c'est lui qui m'a montré ces modèles et dit comment m'en servir) que sont les sand shrimp, mud shrimp, spectra shrimp et mullet bach en taille 14 et 12. Je monte souvent deux mouches. Une en pointe et l'autre en potence à un mètre au-dessus.
La plupart de ces mouches ont un tag rouge en queue qui semble être le facteur déclenchant et augmenter significativement le nombre de touches.
Pour moi, ils mordent plus par agressivité que pour s'alimenter car il est vraiment difficile d'imiter ce qu'ils mangent. D'ailleurs d'après Colin, on ne retrouve rien dans leur estomac à part une bouillie verdâtre. Personnellement je n'ai jamais sacrifié de poisson pour étudier leur contenu stomacal.
On remarque aussi qu'il faut vraiment multiplier les lancers pour avoir des résultats alors que les mouches leur passent devant le nez. Preuve que l'on n'utilise pas vraiment ce qu'il faut, et que l'on trouve difficilement les proies qu'ils consomment quotidiennement.
Néanmoins, plus ils sont concentrés et dans peu d'eau plus les résultats sont accrus. Lorsque leur dos sort de l'eau ou qu'ils sont à peine recouverts et jusqu'à 20-30 cm d'eau ils semblent prendre la mouche assez souvent. Mais lorsque le niveau d'eau est supérieur, j'ai l'impression qu'ils ne sont plus du tout intéressés !
Mode opératoire qui m'a permis de prendre des mulets :
Je lance mon train de mouches à proximité de petits bancs, en amont de leur déplacement. S'il y a du courant, je laisse souvent le bas de ligne dériver et fait passer les mouches près d'eux. En l'absence de courant ou de touche, je réalise de tous petits strips (1 à 2 cm) très rapides. Il est important que les mouches soient collées au fond. Il faut multiplier les lancers et assez souvent l'un d'entre eux prend votre mouche. Les touches sont franches et on sent bien la tension dans le bas de ligne. Il faut ferrer très vite pour les piquer, mais pas trop fort.
Attention à relever votre canne doucement avant de relancer pour éviter de les piquer par une autre partie que la bouche.

En eau douce :
Dans le bas des rivières côtières, les mulets remontent, même parfois très haut (plusieurs dizaines à centaines de kilomètres) pour venir se nourrir. La plupart du temps, ce sont des mulets porc et lippu. J'ai eu quelques résultats en les pêchant à vue, comme pour la truite avec des imitations de gammare et des petites nymphes à truite avec un casque orange. La grande difficulté est de bien placer sa mouche car ils se déplacent sans cesse et changent de direction. Mais avec un peu de patience et de détermination, il arrive que l'on en prenne avec ce genre de mouche.
C'est une pêche intéressante et en soie de 4 cela fait de beaux combats car ils utilisent bien le courant.
J'en ai également pris plusieurs, sans les rechercher, avec des mouches à aloses sur le bas Blavet dans le Morbihan. Ces mouches brillantes et colorées semblent parfois les attirer. Ce sont des prises anecdotiques mais la preuve est qu'ils mordent aussi en eau douce.

Matériel pour la pêche en mer du mulet
J'utilise personnellement une canne de 9 pieds soie de 6 pour les rechercher en estuaire.
Cela permet de lancer dans le vent mais de garder un peu de souplesse pour le ferrage et apprécier le combat avec ces poissons relativement combatifs. En revanche, dans peu d'eau, ils sont bien moins puissants que dans le courant.
Un bas de ligne de 4 mètres terminant en 16 à 18° en fluorocarbone est nécessaire.
Pour la pêche en rivière une canne de 9 pieds soie de 4 ou 5 fait l'affaire. On les pêche de près pour les voir prendre la nymphe et on recherche des poissons qui font entre 45 et 60 cm. J'utilise ici un bas de ligne de 4,5/5 m avec une pointe en 16 à 18°.
Gammare peu lesté, oreille de livre casqué orange, pheasant casqué orange m'ont rapporté du mulet dans ces conditions.