Pro-Staff / Arnaud Rizzi Anderson : « Quelque chose qu'il ne faut pas prendre à la légère »

Pro-Staff #40 -Arnaud Rizzi Anderson est ambassadeur des marques Lowrance, Berkley et Abu Garcia. Pêcheur aux leurres, il participe à de nombreuses compétitions de pêche avec succès. Arnaud est aussi passionné de musique et vit à fond ses deux passions.

Bonjour Arnaud, peux-tu te présenter aux lecteurs de Peche.com ?

Salut l'équipe de peche.com, je m'appelle Arnaud Rizzi Anderson, j'ai 36 ans et j'habite la région bordelaise depuis le début de mon adolescence.

Je pêche les grands lacs de l'Ouest et je me déplace dans toute la France, en Espagne ou dans d'autres pays pour traquer les carnassiers. Mon poisson préféré est le black-bass depuis le début de ma passion pour la pêche aux leurres. J'ai beaucoup suivi les compétitions aux USA et j'ai eu la chance de voyager très jeune.

Pêcheur et compétiteur
Pêcheur et compétiteur

Je fais partie de l'équipe Berkley/Abu Garcia. En 2022, j'ai rejoint l'équipe Lowrance France. Je participe régulièrement à l'émission Fishing Club, que ce soit sur le plateau ou durant les compétitions FC Fight. J'ai fait beaucoup de compétitions en France et un peu à l'étranger. Il y a quelques années, j'ai rédigé plusieurs articles dans le magazine Predators.

Avec l'un de mes meilleurs amis, je tiens un magasin de musique sur Bordeaux et je suis guitariste dans un groupe de rock français qui s'appelle Nolens Volens. La musique est une grande partie de ma vie. J'ai commencé la guitare à l'âge de 5 ans, où j'ai intégré les classes préparatoires du conservatoire d'Antibes. Puis c'est au collège que j'ai commencé à m'intéresser à la guitare électrique et au rock. Des milliers de répétitions, des centaines de concerts plus tard, je suis toujours aussi accro. J'ai énormément travaillé pour avoir mon propre son de guitare, que je mets au service de mon groupe. Je ne pourrais pas vivre sans la musique.

J'ai tout fait pour vivre de mes deux passions et dans un sens, j'y suis arrivé.

Tu peux nous parler de tes débuts en matière de pêche ?

À dire vrai, aucun membre de ma famille ne pêche. Quand j'étais petit, j'habitais sur la Côte d'Azur, et je demandais à mes parents de m'amener au bord de l'eau.

Je me souviens de ma première canne à pêche que nous avions fabriquée avec mon père, d'après un magazine pour enfant. Un simple morceau de bambou avec un fil, un bouchon et un hameçon. Dans mes souvenirs, j'attrapais des petits sars et des petites daurades à l'aide d'un mélange de pain de mie et de fromage.

La maman d'une de mes amies de l'époque avait un bateau. Elles m'invitaient régulièrement pour des sessions en mer. J'ai pu capturer mes premières girelles et mes premiers maquereaux.

Puis en grandissant, je me suis intéressé à la pêche aux leurres.

Le plaisir de leurrer de jolis black-bass
Le plaisir de leurrer de jolis black-bass

Depuis mon arrivée sur Bordeaux à l'âge de 13 ans, j'ai une grande préférence pour la pêche du black-bass. C'est après une rencontre avec Patrick Lamarque que tout a démarré. C'est lui qui m'a présenté au milieu des pêcheurs de black-bass bordelais. Je m'en souviens comme si c'était hier.

À l'époque, je pêchais au bord d'un petit lac abondamment chargé en herbe. Je m'accrochais beaucoup et j'avais du mal à correctement pêcher. Puis j'ai vu un mec vêtu d'une belle chemise avec quelques logos, une canne à pêche bizarre dont le moulinet était au-dessus (à l'époque, je n'avais pas la moindre idée de ce qu'était un ensemble casting)… Il lançait un leurre souple dans l'herbe sans s'accrocher et attrapait poisson sur poisson. (Il me semble que c'était un senko de chez Gary Yamamoto ou un Slug). On a entamé la discussion et il m'a proposé gentiment de me donner un de ses leurres et de m'expliquer comment l'utiliser, à la condition de relâcher les poissons que j'allais attraper. C'est là que tout a démarré.

J'ai été guidé par de grands noms de la pêche en France comme Lionel Grou, David Dubreuil, Ryusuke Hayashi, Tanguy Marlin et Sylvain Legendre. Ils m'ont tous beaucoup appris et ont été très généreux avec moi. Vu mon jeune âge, il était difficile d'avoir les finances pour acheter du matériel qui à l'époque se faisait rare dans les magasins. On commençait à voir quelques leurres souples à black-bass, quelques hardbaits…

Je me souviens d'avoir harcelé David et Lionel tous les week-ends pour aller à la pêche, les pauvres ! J'ai vraiment eu de la chance de grandir avec eux. C'était une belle période.

Avec le temps, je me suis intéressé au brochet, puis aux autres espèces de carnassier. Ma rencontre avec Sylvain Legendre a été très importante pour moi. Il m'a appris à pêcher le brochet avec des shads sur les grands lacs alpins. Cette technique n'était pas aussi connue que maintenant. D'ailleurs, Sylvain était presque seul à pêcher sur ces lacs à l'époque, et je profitais de mes vacances chez ma grand-mère, en Haute-Savoie, pour pêcher et apprendre avec lui.

Tous les étés, je partais en stage intensif de pêche au black-bass, avec Ryusuke Hayashi sur le Lot. Il m'a beaucoup appris et a eu beaucoup de patience. C'était incroyable de l'avoir comme professeur. On peut dire que j'ai été bien entouré.

J'ai participé à mes premières compétitions en float-tube sur la Charente quand j'avais une quinzaine d'années. À l'époque, elles étaient organisées par Patrick Bertry. C'était convivial et très sympa. Ces expériences resteront gravées dans ma mémoire.

La pêche du brochet sur les grands lacs
La pêche du brochet sur les grands lacs

Quand, comment et pourquoi avoir accepté d'être Pro-Staff ?

J'ai rejoint l'équipe Lowrance France début 2022. J'avais besoin d'écrire une nouvelle page, après 12 ans chez un concurrent. J'ai été séduit par le projet, l'ambiance dans l'équipe et évidemment le matériel qui est excellent ! J'ai été contacté par le responsable marketing de Lowrance.

Et comment la marque t'a repérée ?

Je ne sais pas, il faudrait leur demander (sourire). Plus sérieusement, on se connaît tous dans ce milieu. J'imagine que c'est au travers de mes réseaux et du bouche à oreille. Le fait d'avoir des sponsors depuis longtemps et de faire des vidéos donne pas mal de visibilité.

Être ambassadeur, cela veut dire quoi pour toi ?

Être ambassadeur d'une marque est quelque chose qu'il ne faut pas prendre à la légère.

Déjà, c'est une chance et une fierté de représenter une si grande institution de l'électronique marine. Beaucoup de pros US, dont je suis fan, sont sponsorisés par Lowrance, comme Mike Iaconelli, Jordan Lee ou Skeet Reese par exemple. C'est aussi la première marque à avoir proposé un sondeur au grand public, en 1957.

Représenter, c'est déjà connaître le matériel et bien communiquer via les réseaux sociaux, sur les vidéos et évidemment au bord de l'eau auprès des pêcheurs. Il faut évidemment répondre à toutes les questions des clients pêcheurs.

Il faut traiter son matériel avec le plus grand des soins, ça va de soi.

Ton plus beau souvenir, ou une anecdote, en tant que Pro-Staff à partager avec nos

lecteurs ?

Je vais en citer deux.

Le premier, c'est notre seconde place à la Soner Euro Cup, en 2019, avec mon coéquipier historique Matthias Lothy ! Notre pote Bastien Nicolay et la grande star américaine, Mike Iaconelli ont remporté cette compétition.

Nous avons beaucoup travaillé pour réussir tous ensemble, avec beaucoup de jours de préfishing, de galères, de questionnement et de préparation… Mais c'est ça la compétition.

Lowrance était partenaire de l'événement. D'ailleurs, il y a une belle vidéo qui résume cette compétition sur Youtube.

Participer à la plus grande compétition européenne de pêche du black-bass, entre amis et avec un de nos héros de pêche, c'était vraiment une aventure que je n'oublierai jamais.

Une seconde place à la Soner Euro Cup 2019 avec Matthias Lothy
Une seconde place à la Soner Euro Cup 2019 avec Matthias Lothy

Il y a aussi des moments simples, de pêche loisir, partagés avec des amis. Je pense notamment à une session avec Remi Seigler et Yvan Tang l'été dernier. Ce jour-là, Rémi m'a fait prendre mon sandre record avec la sonde live « Active Target ». C'était ma première touche et mon premier poisson au live ; 93.5 cm ! Une action de dingue !

Une belle journée, une météo agréable, un lac magnifique, des amis, des rires et des poissons ! Quel souvenir incroyable !

Quel regard portes-tu sur la pêche en France ?

Sincèrement, je suis très inquiet concernant la gestion de notre patrimoine piscicole et de la législation qui est « censée » le protéger. Je n'ai pas l'impression que ça soit une question de moyen financier, vu ce que coûte la carte de pêche. Il y a un réel problème de gestion en France !

Ce n'est pas pour rien que beaucoup de pêcheurs, moi le premier, partent pêcher à l'étranger.

À côté de ça il y a des Aappma qui sont très actives et qui se battent pour notre passion. Je prends l'exemple de l'Aappma Communauté Communes Mimizan avec son président Christophe Hugues, qui se bouge énormément. Ça passe par de l'empoissonnement, du nettoyage, des évènements pour sensibiliser le grand public et une école de pêche. D'ailleurs, cette Aappma sollicite beaucoup les jeunes, qui sont l'avenir de notre passion. À mon sens, c'est ce genre d'association qu'il faut aider et soutenir pour maintenir l'espoir. Je pense évidemment aussi à l'association Black Bass France, dont je suis membre depuis plus de 20 ans !

Je n'ai pas la prétention de dire ce qu'il faudrait faire, mais pour résumer, s'impliquer dans une Aappma active, reste un bon moyen d'ajouter son grain de sable à l'édifice.

C'est un milieu plus dur qu'il n'y paraît de l'extérieur. Je dirai qu'il y est aussi beau que redoutable.

Accepter les critiques et avancer dans sa passion
Accepter les critiques et avancer dans sa passion

Il faut accepter les critiques et avancer. Je n'ai pas la prétention de me croire ou de dire que je suis un excellent pêcheur. J'ai deux passions chronophages et j'y consacre le temps que je veux à chacune. Peut-être que si j'avais zappé la musique pour la pêche, je serais meilleur, mais ce n'est pas mon objectif. C'est une question d'équilibre, je suis heureux comme ça. Je suis déjà très content de mon palmarès en compétition et de toutes les expériences enrichissantes que la pêche me procure. Je pense que ça contraste pas mal, dans un milieu où tout le monde veut une place et être le meilleur.

Fort heureusement, il y a plein de magnifiques personnes qui composent ce milieu, dont je suis fier de dire, pour certains, qu'ils sont mes amis.

Après, il faut relativiser, cela reste de la pêche. Et c'est ce sport qui en fait quelque chose de passionnant, moins les acteurs.

C'est un milieu passionnant avec tellement de produits, d'innovations technologiques. À chaque fois que l'on croit qu'il n'y a plus rien à inventer ou que nous avons fait le tour, quelqu'un sort quelque chose de nouveau. Mais c'est de plus en plus rare et difficile.

Un conseil pour les pêcheurs qui souhaitent un jour intégrer une Team de Pro-Staff ?

Déjà, il faut aller à la pêche, se faire plaisir et partager du temps avec ses amis sur l'eau. Il faut insister, y consacrer du temps, de l'énergie, apprendre de ses échecs, car la pêche n'est pas une science exacte. Il y a tellement de pêcheurs qui pensent savoir, alors que ce sont les poissons qui décident ! La persévérance est une des clés à mon sens. À l'image de ces chasseurs de records qui 5 fois sur 6 sont capots, puis la sixième pose un brochet de 120 cm. J'ai l'impression que tout le monde veut se faire sponsoriser par une marque et les places sont de plus en plus rares.

Apprendre et persévérer pour réussir
Apprendre et persévérer pour réussir

Attraper des poissons, faire de belles photos, essayer de bien communiquer sur ses réseaux, en faisant le moins de faute d'orthographe possible. La communication numérique est un peu le nerf de la guerre pour les marques. Si vous maîtrisez les outils d'aujourd'hui, vous avez de grandes chances de trouver un partenariat. Si vous avez un petit plus à proposer, c'est encore mieux !

Il faut évidemment se rapprocher des marques et des produits que nous aimons… Et non trouver un sponsor pour en trouver un.

Un dernier petit conseil, être droit dans ses bottes et se tenir loin des polémiques !

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