Le Marais poitevin, un milieu naturel préservé, mais fragile

Le marais poitevin © Olivier Lalouf

Première zone humide de la façade atlantique, située entre Niort et l'océan, le Marais poitevin est un ensemble d'une grande richesse écologique par la diversité de ses milieux naturels.

Le parc du Marais poitevin en chiffre

Au total, le Marais poitevin regroupe 204 822 hectares de terres et c'est la première zone humide de la façade atlantique qui s'étend sur 107 256 hectares. Il est composé de trois paysages différents : le littoral, le marais desséché et le marais mouillé. Au total, le marais poitevin comprend 35 200 hectares de prairies naturelles, 8 200 km de voies d'eau, 150 km de côtes, 337 espèces d'oiseaux, 750 plantes, 850 km de circuit vélo et attire chaque année 1,4 millions de visiteurs.

Un territoire exceptionnel à préserver

Le Marais poitevin est l'un des plus grands marais d'Europe, situé entre terre et mer, à la rencontre de deux régions du littoral atlantique, les pays de la Loire et la nouvelle aquitaine. Le Marais poitevin, territoire remarquable pour sa faune, sa flore, son patrimoine culturel et paysager, a été labellisé Parc naturel régional en 2014. Cet ensemble d'une grande richesse écologique est ainsi reconnu au niveau national. Mais son patrimoine naturel reste soumis à d'importantes pressions liées à l'activité humaine : il nous faut préserver ce territoire à l'équilibre fragile.

Le Marais poitevin se trouve à cheval entre plusieurs départements. Il s'étend du sud de la Vendée au nord de la Charente-Maritime et de l'ouest des Deux-Sèvres, jusqu'à la façade atlantique. Il regroupe 92 communes pour environ 280 000 habitants.

Une zone humide
Une zone humide

La zone humide

Dans les années 1980 et 1990, l'intensification de l'agriculture a marqué l'histoire de la zone humide par le recul de l'élevage herbivore au profit d'une mise en culture, la généralisation du drainage des sols et développement de l'irrigation en périphérie du Marais (plaines de Niort ouest, de l'Aunis et de Sud-Vendée).
En 1997, le non-renouvellement du classement du territoire en Parc naturel régional (de 1979 à 1996) a sanctionné cette évolution de l'occupation du sol et de la détérioration du patrimoine naturel qui en a découlé.
Les acteurs locaux se sont mobilisés autour de la préservation et du développement équilibré du marais, ce qui a permis, en 2014, la reconquête du label Parc naturel régional.

L'importance des zones humides

Fragiles, les zones humides constituent des territoires d'une richesse exceptionnelle.
Elles remplissent des fonctions écologiques multiples et importantes parmi les milieux les plus productifs de la planète. Les zones humides font fonction de filtre ou d'éponge pour réguler et assainir les eaux. Elles accueillent une biodiversité remarquable ; riche en éléments nutritifs, ce sont de véritables « viviers » alimentant une profusion de végétaux et d'animaux.
Les zones humides profitent également à l'homme sous de nombreux aspects : économique (agriculture, pisciculture, conchyliculture, tourisme, recherche…), socio-culturel (maintien de paysages et d'activités témoins d'une histoire et d'une identité).
La superficie des zones humides représente moins de 5 % du territoire français. En moins de 30 ans, 85 % des zones humides françaises d'importance majeure ont subi des transformations significatives, dont certaines ont été énormément dégradées.

Le territoire

Le Marais poitevin est une construction humaine. À sa place, il y a 10 000 ans, le golfe des Pictons était un grand golfe marin. Le gigantesque travail humain a transformé les lieux pour donner naissance à des paysages très variés.
Depuis le 12e siècle, au moyen d'aménagements titanesques, ce sont plus de 100 000 hectares au total qui ont transformé un marais inhospitalier pour devenir une terre de vie, un site d'exception à l'échelle européenne.
Les travaux d'aménagement ont d'abord débuté sur la partie du Marais poitevin proche de la mer. Ils découlent de politiques d'aménagement fortes initiées par les abbayes dès la fin du Xe siècle, afin d'exploiter plus facilement les terres. Il s'agissait alors de protéger le marais, basé en dessous du niveau de la mer, par la construction de digues, entourant de vastes zones, et le creusement de canaux.
Mais l'objectif était également de faire barrage aux eaux douces intérieures (importantes en période de pluies) en construisant d'autres digues et d'autres canaux permettant à ces eaux de s'écouler jusqu'à l'océan et ainsi de diminuer les crues. Ainsi naissent les marais desséchés.
Le marais mouillé ou Venise verte, les parties éloignées de la mer resteront « sauvages » jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Le rapport à l'eau a ainsi défini l'aménagement des espaces agricoles, des constructions traditionnelles et des villages pour façonner les paysages que l'on connaît aujourd'hui.

Le littoral
Le littoral

Le littoral

Le littoral d'une superficie de 9 700 hectares est soumis à l'influence des marées. Il est composé d'anciens prés salés (mizottes), de vasières et de dunes de sable.
Véritable carrefour migratoire d'importance internationale, le littoral accueille chaque année des milliers d'oiseaux venus du Nord et se rendant sur les côtes ibériques et africaines.
À chaque marée basse, de grandes surfaces de vase découvrent où les oiseaux viennent se nourrir. À marée haute, et lorsque les coefficients de marée sont importants, l'océan vient caresser la digue de front de mer qui protège le marais desséché. Les étendues herbeuses installées sur la partie haute de la vasière (les prés-salés) sont alors recouvertes par l'océan, rarement pâturés, on y récolte du foin.

Explorer le marais mouillé en barque
Explorer le marais mouillé en barque

Les marais mouillés

Les marais mouillés, d'une superficie de 32 200 hectares, sont des zones inondables par les crues ou par engorgement en période de pluie.
Ils correspondent aux lits majeurs inondables de la Vendée, de la Sèvre niortaise, du Lay et du Curé, auquel vient s'ajouter un réseau dense et complexe de conches, fossés et rigoles et constituent la partie inondable du Marais poitevin.
On y retrouve plusieurs paysages : le marais mouillé bocager, les terrées, les marais communaux, les tourbières, les trous de bri.
Le marais est un labyrinthe aquatique, une vaste étendue de verdure constituée de prairies encadrées d'arbres plantés en alignements ; frênes têtards et peupliers rythmant les berges des voies d'eau. Des centaines de kilomètres de fossés, de conches et de canaux ont été aménagées pour permettre un écoulement plus rapide des eaux et ce réseau hydraulique servait autrefois de voie de communication.
Le paysage du marais mouillé a été reconnu par l'État comme exceptionnel. Depuis 2003, il est protégé par décret en tant que site classé et depuis 2010, il bénéficie du label Grand Site de France pour sa gestion durable.

Paysage du marais desséché
Paysage du marais desséché

Les marais desséchés

Vastes étendues de 46 800 hectares, ce sont des zones protégées des inondations et des marées par un réseau de levées et de digues qui offrent de larges étendues de verdure parsemées d'anciens marais salants.
Les marais desséchés présentent de larges paysages ouverts où les arbres sont rares, seuls quelques buissons de tamaris et d'épineux bordent les fossés et les canaux qui entourent prairies et cultures.
Autrefois, l'élevage du cheval de Trait Poitevin Mulassier et du Baudet du Poitou y était pratiqué. De nos jours, les marais desséchés sont reconnus pour la qualité des blés cultivés.
Émergeant des cultures et prairies des marais desséchés, les îles calcaires constituent des points hauts qui ont résisté à l'érosion. Leurs bordures peuvent être abruptes ou en pente douce. Ces buttes ont été occupées très tôt par l'homme qui profitait de ces zones de repli lorsqu'il pêchait et chassait dans le Golfe des Pictons.

L'anguille, poisson emblème du marais
L'anguille, poisson emblème du marais

La faune

Le Marais poitevin est un ensemble de milieux exceptionnels. Le littoral est un gîte étape pour les migrateurs et le littoral est un refuge. Toutes les conditions sont réunies pour attirer une faune variée.
On y trouve une cinquantaine d'espèces de mammifères aquatiques et terrestres, dont la loutre d'Europe et les chauves-souris.

337 espèces d'oiseaux se partageant la zone humide et la plaine de bordure selon la reproduction et la migration.
34 espèces de poissons qui cohabitent dans les eaux du marais. Certains migrent entre les eaux salées de l'atlantique et les eaux douces.
De nombreux insectes dont les plus connus sont les libellules (53 espèces) et les papillons (63 espèces).

Le roseau phragmite orne les berges
Le roseau phragmite orne les berges

La flore

La diversité des espèces végétales et la présence d'espèces rares et protégées caractérisent l'écosystème du Marais poitevin.
Au total, 126 espèces présentent un caractère patrimonial et bénéficient d'un statut de protection à l'échelle européenne, nationale ou régionale, ou sont inscrites sur des listes rouges nationales ou régionales.

Un territoire vivant

Aujourd'hui, conciliant écologie et économie, le tourisme dans le Marais poitevin connaît un succès exponentiel, dans le temps et dans l'espace, avec une importante fréquentation (1,4 million visiteurs/an).
Comptant près de 1 500 exploitations, l'agriculture est tournée vers l'élevage (bovin, équin) et la culture céréalière (blé, colza, maïs, tournesol). En baie de l'Aiguillon, la mytiliculture, l'élevage des moules, est l'une des principales activités des habitants, représentant 15 % de la production de moules nationale.
Soutenus par le Parc naturel régional et ses partenaires, d'autres secteurs se développent : les filières en circuits courts (élevage, produits alimentaires du terroir, maraîchage, artisanat d'art, écohabitat…), la préservation, la valorisation et l'exploitation durable de l'environnement.

Les barques du marais poitevin
Les barques du marais poitevin

Un traditionnel savoir-faire

En plus de leur savoir-faire traditionnel dans l'habitat, les maraîchins ont développé celui de charpentiers de bateaux. Longtemps seul moyen de transport des hommes et des marchandises dans le Marais poitevin, le « batai », barque traditionnelle qu'on poussait à la « pelle » ou à la « pigouille » est l'ancêtre des barques qui nous promènent sur les chemins d'eau du territoire.
Au fil des générations successives de maraîchins, toutes sortes de techniques et d'engins de pêche (vermée, balance…) ont été inventées pour assurer leur subsistance.

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