La controverse des boîtes de thon par Greenpeace

Greenpeace a réalisé entre juin et septembre 2014 une enquête auprès des dix plus grandes marques de thon en boîte afin d'étudier leur chaîne d'approvisionnement et sa durabilité. Le résultat fait froid dans le dos…

Quand on sait que 9 Français sur 10 possèdent du thon en boîte dans ses placards, il était temps de savoir ce que l'on mange réellement dans ces petites boîtes en métal, bleues. Greenpeace a donc réalisé une enquête auprès de dix grandes marques françaises, qui représentent 75 % des parts de marché du thon en boîte. Les questions portaient sur différents critères comme les espèces de thon pêchées, les techniques de pêche utilisées, les mesures prises pour éviter le recours à la pêche illégale, la traçabilité, l'information aux consommateurs, l'existence d'une politique écrite d'approvisionnement ainsi que des critères sociaux. Ces résultats ont permis d'attribuer à chaque marque une note sur 10.

Seules deux marques se distinguent

Parmi les dix marques sollicitées, seules une marque et un distributeur se détachent du lot, Phare d'Eckmühl et le groupe de grande distribution Système U. Ceci, grâce à leur système d'approvisionnement, qui repose, en majorité ou en totalité, sur du thon pêché grâce à une méthode sélective, à la canne ou à la ligne de traîne, et dont les stocks sont en bon état comme le thon Listao.

Dans nos boîtes, du thon pêché non durablement

Les plus grandes marques s'approvisionnent sans tenir compte de la durabilité environnementale et essentiellement sur la pratique de pêche destructrice, la senne, déployée sur un dispositif de concentrations de poissons. C'est d'ailleurs le thon albacore de l'Atlantique, dont le stock est surexploité qu'on retrouve le plus dans nos boîtes.

Les deux plus gros leaders du marché, Petit Navire (25 à 28 % des parts de marché) et Saupiquet (13 à 15 % des parts de marchés) arrivent respectivement en 8e et 7e positions du marché, devant Casino (9e) et Leclerc qui n'a pas répondu à l'enquête. Du côté de Petit Navire, 98,9 % du thon en boîte vendu est pêché avec des méthodes non sélectives comme la senne et 87 % sont des thons albacores, provenant de stocks surexploités. Du côté de Saupiquet, c'est 100 % du thon qui est pêché avec des méthodes non sélectives et 40 % du stock provient de thons albacores.

Des animaux marins qui subissent le DCP (Dispositif de concentration de poissons)

Sans oublier les dommages collatéraux créés par ce type de pêche – des petits poissons attirent de plus gros poissons qui à leur tour attirent les thons – mais aussi d'autres animaux marins comme les requins, les tortues ou les raies, qui sont rejetés mort ou mourants dans la mer. Les jeunes thons aussi sont les victimes de ce système de pêche, les empêchant de se reproduire et faire perdurer l'espèce.

Les consommateurs doivent faire changer les choses !

Grâce à ce classement, les consommateurs doivent agir et ne consommer que les marques les plus durables. D'après un sondage du CSA pour Greenpeace, 95 % des Français sont contre les techniques de pêche industrielles destructrices qui alimentent cette industrie et 79 % sont prêts à payer environ 20 centimes plus cher une boîte de thon péché durablement.

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