Fish & Curious / Geoffray Begard : "Le bonheur est dans la nature !"

© Geoffray Begard

Fish & Curious #3 - Pour faire suite à l'interview "Paroles de guide" de Geoffray Begard voici le désormais habituel "Fish & Curious". Geoffray nous parle de Frank Hiribarne, Yvan Drachkovitch, des truites de la Dordogne et du HetchKiller de chez Mornarch Dok, un de ses leurres favori pour le brochet.

Quel poisson préfères-tu pêcher ?

Geoffray Begard – Question difficile mais je vais dire Brochet, c'est celui que je connais le plus.

Quelle est ta technique favorite ?

Geoffray Begard – La pêche à la mouche.

Ombre commun pris à la mouche
Ombre commun pris à la mouche

Quelle est ta saison favorite ?

Geoffray Begard – L'automne car c'est la saison qui offre le plus de possibilités de pêche. C'est surtout vrai pour l'Irlande, peut-être un peu moins ailleurs…

Quel pêcheur t'inspire le plus ?

Geoffray Begard – Franck Hiribarne. Je l'ai accueilli l'année dernière en Irlande pour un reportage. C'est un des meilleurs pêcheurs avec lesquels j'ai eu l'occasion d'échanger et de pêcher. Un pêcheur dont l'humilité et la passion n'ont d'égal que l'expérience. Il a voyagé partout dans le Monde pour la pêche. Et en plus d'être un très bon pêcheur, c'est un très bon orateur. Il m'a raconté des histoires de pêche totalement incroyables ! Une de ses caractéristiques est de se focaliser sur les gros poissons. Lorsqu'il est venu en Irlande pour son reportage, nous venions de passer 10 jours de pêche et nous avions tout sauf un saumon. Et bien il l'a fait 30 minutes avant de partir. Un saumon de 3 kg. Voilà.

Geoffray, Franck Hiribarne et un très gros saumon atlantique
Geoffray, Franck Hiribarne et un très gros saumon atlantique

Tu dois partir à la pêche avec 3 leurres : lesquels ?

Geoffray Begard – Je vais rester sur le broc. Un HK (HechtKiller) de chez Monarch Dok, un Daiwa Duckfin et un Biwaa S Trout.

Si ça avait été 3 leurres toutes espèces confondues alors j'aurais choisi une « oreille de lièvre » (mouche) pour la truite, un Monarch Dok pour le brochet et une cuillère ondulante pour tous les poissons ! (rires)

Brochet irlandais pris sur un Monarch Dok HechtKiller
Brochet irlandais pris sur un Monarch Dok HechtKiller

Quel terme définit le mieux ta vision de la pêche ?

Geoffray Begard – Hummm… Je te dirais qu'en cette période de Coronavirus, le bonheur est dans la nature. T'es bien quand tu es dehors. Ouais, bonheur = nature.

Pêche solitaire ou à plusieurs ?

Geoffray Begard – Pêche à plusieurs !

Lac ou rivière ?

Geoffray Begard – Arf… Je ne peux pas choisir…

Bière ou café ?

Geoffray Begard – Café. Bière le soir. (rires)

Pêche du bord ou en embarcation ?

Geoffray Begard – Arf… Je pratique tout mais je serais tenté de te dire « embarcation ». Ouais, embarcation, quand même.

Float-tube ou bateau ?

Geoffray Begard – Bateau.

Brochet irlandais
Brochet irlandais

Pêche en silence ou pêche en musique ?

Geoffray Begard – Pêche en silence !

Pêche en France ou à l'étranger ?

Geoffray Begard – Aaaah… Je passe plus de temps à l'étranger mais je vais quand même dire les deux.

Coup du matin au coup du soir ?

Geoffray Begard – Coup du soir, sans hésiter, pour la truite !

Le poisson qui t'est resté en travers de la gorge ?

Geoffray Begard – Je pense instantanément à la perte d'une grosse truite sur la Dordogne. Les ombres étaient actifs toute la journée et les truites le soir. Nous décidons donc avec un pote de partir faire un coup du soir à la truite sur la Dordogne, une rivière comme il en reste assez peu en France, un véritable joyau. A ce moment-là, la lumière avait beaucoup baissé, il faisait sombre. Ça faisait 15 minutes que j'observais un poisson gober régulièrement à 20 m en aval de moi. Je sors de l'eau. Je contourne le poisson de la berge et je monte dessus. Je pose la mouche juste devant le nez du poisson qui la gobe immédiatement. Je ferre. Étant en 14/100, je n'ai pas d'autre choix que de laisser le poisson traverser la rivière qui, à cet endroit, devait faire 70 m. La truite me vide une première fois la bobine, j'arrive au Backing. Je la ramène puis elle m'amène une nouvelle fois au Backing. Je parviens à reprendre la main, le combat était presque terminé et j'ai merdé… J'ai sous-estimé le poisson qui, sur un micro coup de queue combiné à une mauvaise inclinaison de canne, a réussi à casser la ligne… Un poisson qui faisait plus ou moins 55 cm… Tant que je n'aurai pas fait une truite de plus de 55 cm, ce poisson me restera en travers de la gorge. (rires)

Quel est ton meilleur souvenir de pêche ?

Geoffray Begard – Avant de me mettre à mon compte, j'ai fait quelques semaines au Liberty Club Esox, chez Arnaud (Brière). En fin de saison, il organisait une semaine de pêche entre guides, une manière d'être réunis et de faire un peu de repérage. Sur une journée, il y avait Yvan Drachkovitch (le petit frère d'Albert). Nous venions de passer la journée sur un lac, à trois bateaux. C'était la galère. On avait fait quelques perches et 5 ou 6 brochets si mes souvenirs sont bons. Bref. En fin de journée, nous étions encore sur l'eau mais on n'allait pas tarder à rentrer. Je propose alors à Yvan de faire une dernière pointe que je connaissais. On arrive sur la zone et très rapidement Yvan ferre un poisson. Au bout de 15 secondes, le scion de la canne n'avait toujours pas bougé, signe qu'il s'agissait très certainement d'un gros poisson. Je me souviens encore de voir Yvan combattre son poisson avec une canne à son nom, un Daiwa Certate qui va bien mais sans anti-retour et le frein serré. Il a combattu son poisson très proprement « à l'ancienne », en « démoulinant », sans à-coups ! On voit le poisson arriver, je le mets à l'épuisette, le mesure et le pèse rapidement. Un superbe brochet de 108 cm. Et là, Yvan me lance : « Et bah bordel, ça faisait plus de 10 ans que j'étais bloqué à 103 cm ! Je suis content, je viens de battre largement mon record ! » Je n'oublierai jamais ce moment passé avec lui. J'ai encore une photo chez moi.

Yvan Drachkovitch et son brochet de 108 cm !
Yvan Drachkovitch et son brochet de 108 cm !

Une mésaventure qui se termine bien ?

Geoffray Begard – L'histoire qui me vient en tête est plus flippante que drôle. J'ai certainement d'autres histoires plus drôles que ça mais tu me prends un peu au dépourvu !

Ça se passe alors que j'étais en formation de Guide de Pêche à Clervaux-les-Lacs. On avait l'habitude de faire des coups du soir un peu interdits à la carpe de 18h à minuit. Tous les potes sont au camping et nous sommes avec mon pote Rémi au bord du lac à faire le coup du soir. On avait une barque en bois à disposition. Il commence à faire noir. On se donne 20 minutes avant de rentrer. On cadenasse la barque qui reste sur place et au même moment on entend au loin quelqu'un crier péniblement « Au secouuurs !… Aideeez-moi !... ». Nous étions dans le noir le plus total et on entend cet appel qui venait du large ! Ni une, ni deux, on a laissé toutes nos affaires sur la berge, nos papiers, nos clés, etc. On a repris la barque. La pression monte. Je n'ai jamais ramé aussi vite que cette fois-là. Arrivés au niveau du bateau d'où venaient les appels (bateau qui soit dit en passant était à 30 m de la berge opposée…), nous tombons sur un type endormi à l'intérieur, en hypothermie. Dans le même temps, d'autres personnes arrivaient sur le bateau à la nage depuis l'autre berge. Ces personnes rapatrient le bateau sur la berge. Dans tout ça, je perds ma rame donc je suis obligé de faire le chemin du retour à l'avant de la barque en bois qui pesait 1 tonne avec la seule rame restante. Bref. Le lendemain il y a eu une enquête dont on a jamais connu le dénouement mais nous passions dans le journal pour avoir porté secours et sauvé cette personne.

Ah ouais… Effectivement, c'est pas très marrant… (rires)

Geoffray Begard – Non, pas vraiment ! (rires)

Plus d'articles sur le thème